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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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29 avril 2009

Le rêve français

SDC12100Pour ce dernier jour à Madrid, j’avais choisit Sevilla pour aller boire mon moqua habituel. Face au métro et au kiosque à journaux, la vue était imprenable de derrière la gigantesque baie vitrée du Starbucks. Ces jours derniers j’y étais retourné faute de mieux, les lieux propices à l’écriture n’étant pas légion dans le quartier. On avait beau se trouver à deux pas du Barrio de las letras, les cafés tranquilles où l’on pouvait s’assoir et raconter sa vie étaient aussi rares que les morpions sur le cul d’une none ou tellement discrets que je ne les avais encore remarqué! La fenêtre panoramique du géant américain, s’ouvrait sur le carrefour et la vie qui grouillait. Juste derrière le bloc d’édifices néoclassiques où trône le siège de la B.B.V.A, s’étendait sur quelques pâtés de maisons mon quartier, celui là même où j’habitais depuis juillet dernier. Sur la droite c’était Alcala qui traversait la ville de part en part depuis la avenida de America et Canillejas, long ruban asphalté venant mourir fatigué face à la Puerta del Sol. A gauche en contrebas, après le Teatro Alcazar et le Circulo de bellas artes, on arrivait au Palacio de los diputados où un chef d’état qui ne m’était pas complètement inconnu fera aujourd’hui son discours. Je le devine qui me regarde du coin de l’œil de l’une des portadas des journaux du kiosque. Il arrive et moi je pars... Si je n’avais eu rendez-vous demain chez le notaire, j’aurai sûrement pu profiter de l’avion présidentiel pour me rapatrier! Qu’il s’agisse du jet privé prêté par un ami ou d’un imposant A380 flanqué du logotype "Air France One", cela ne faisait à mes yeux aucune différence et eu été préférable au train tellement lent! J’aurai ainsi pu gagner du temps en lui faisant perdre le sien! Assis face à face dans la carlingue tapissée d’alcantara, le fessier bien calé dans un "vrai" siège inclinable [pas ceux du vieux wagon de la Renfe] en cuir pleine fleur, on en oublierait presque que l’on voyage à trois milles pieds. Carla l’hôtesse nous apporte les boissons que nous lui avons demandées. Pour moi ce sera, un grand moqua décaféiné servit comme au Starbucks dans un gobelet de plastique estampillé non de la femme poisson mais d’un croquis de Marianne! Il est onctueux à souhait, juste comme je l’aime et pas tiédasse comme celui ma muse habituelle. Les clients [invités] sont aussi moins nombreux! Nicolas lui s’empare d’un double express serré pour maintenir les batteries chargées.

-Dis-moi Nico, c’est vachement sympa de ta part de m’avoir offert une place dans ton zing!

-Ce n’est pas le mien, c’est celui d’un ami. [Ah, vous voyez, je vous l’avais dit!]

-Puisqu’on est là tous les deux, je pourrai peut-être en profiter pour te poser quelques questions? Comme ça de toi a moi, loin des caméras, sans langue de bois ni petites phrases écrites par d’autres. Qu’en dis-tu ?

-Pour moi c’est ok.

Le moqua est excellent, Carla n’est pas italienne pour rien! A moins qu’elle n’ai travaillé dans un Starbucks avant d’occuper les fonctions qu’on lui connait!

-J’ai cru comprendre que les jeux étaient faits pour les prochaines élections, du moins selon les dires de ton pote Jean-François qui annonçait il y a un bon moment déjà que pour sa part il ne serait pas candidat.

-Il faut se méfier des racontars et des bruits de couloir, rien n’est jamais gagné avant le soir des élections!

-Sauf parfois la défaite, comme ce fut le cas de ton adversaire en 2006. Sa déroute était annoncée par tous et cette fois ci les experts et les sondages qui la donnaient perdante n’auront pas mentis!

-Chaque bulletin compte, c’est pourquoi j’avais vivement encouragé le vote massif et responsable de tous les électeurs, sans distinction de classe, d’origines ou de famille politique, blablabla... Quelque centaines de milliers de voix peuvent parfois déterminer un scrutin.

-Et bien moi, je n’ai pas voté! Ni pour toi, ni pour l’autre! J’aurai bien voté blanc mais ce dernier n’était pas comptabilisé! Mais que ce passerait-il, si un beau jour il l’était? Qu’il compte et qu’on le compte? Que se passerait-il au second tour des urnes si nous avions X contre Blanc? X serait-il proclamé vainqueur par défaut? [Blanc n’étant pas un vrai aspirant mais juste la voix du profond mécontentement.] Et s’il y avait bien un deuxième tour et que de ce Blanc ressorte gagnant? Qui donc nous gouvernerait? Y aurait-il coalition entre les différents participants? Et qu’en serait-il du devenir de la République et de ses institutions avec pour président une entité sans nom et sans visage? Je crois et je crains surtout que le vote blanc n’apporte que chaos et zizanie dans une sphère politique déjà bien tourmentée. C’est pour cela que toutes les voix du peuple ne seront jamais entendues à l’unisson, pour ne pas perturber l’ordre établi!

-Pour ma part je ne suis pas favorable à la comptabilisation du vote blanc et je vais t’expliquer pourquoi. Je crois chaque français suffisamment responsable pour pouvoir faire en son âme et conscience le choix qu’il estime être le bon, en fonction non seulement de ses propres intérêts mais aussi de ceux de son pays.

-Le vote blanc selon toi, ce serait le vote lâche et non l’exacerbation de la grogne générale. Il ne représenterait que ceux qui n’ont pas d’idées politiques précises. Mais que fais-tu donc du vote contestataire? Aucun des candidats en lisse ne me satisfais et je le fais savoir!

-Je ne doute pas que la vision simpliste de certains analystes tentent de nous le faire voir les choses ainsi, cependant je ne partage pas ce point de vue. Savoir se prononcer est crucial pour pouvoir élire ses dirigeants et ne pas avoir par la suite à se repentir de s’être abstenu une fois que les choses iront mal. Voter est un devoir civique, ce n’est pas moi qui le dit! Et quelle démocratie digne de ce nom pourrait se prévaloir de ce droit? Voter non pas par tradition ou au nom d’idées préconçues mais voter pour un programme précis avec des objectifs clairement établis. Ce sont ses objectifs que j’ai expliqué et défendu au long de ma campagne, bataillant parfois pour les faire entendre mais sachant que chacun s’y retrouverait. [Cela, tu ne l’a pas déjà dit un peu plus haut?]

-Ok, mais tu seras d’accord avec moi pour dire que quelque soit le programme, il y aura toujours des mécontents, des gens qui se sentiront lésés? Et pourquoi ne pas leurs donner à cela la possibilité de se faire entendre par la comptabilisation des votes blancs?

-Aucun programme ne saurait faire l’unanimité absolue, mais je me suis employé et je m’emploie aujourd’hui encore à ce que le mien fasse le mois d’exclus possibles. Nous nous efforçons chaque jour, avec l’ensemble des membres du gouvernement à palier les lacunes et aplanir les différences qui pourraient subsister entre les français.

-Comme ça, cela semble beau. Mais concrètement pour un gars comme moi qui ne vit pas là, en quoi ton programme pourrait m’intéresser et que peut-il m’apporter?

-Pour vivre à l’étranger, tu n’en demeures pas moins français!

-Voilà la grande question [qui figure en bonne place sur le blog de Jean-François, encore lui!] C’est quoi être français aujourd’hui? [Je vous invite à y méditer! Français de souche expatrié loin de chez lui ou étranger exilé ayant atterrit sur le sol français et désireux d’y rester, cherchant à acquérir la nationalité qu’on lui délivrera ou pas! Les deux le sont, aucun ne l’est vraiment! Le premier ne l’est plus, par dépit sans doute, le second ne le sera jamais tout à fait, essuyant le mépris et les quolibets dus à l’intolérance des autres sa vie durant.] Tu m’accorderas que l’éventail est large et qu’être français aujourd’hui n’a plus trop d’intérêt! A quand un gouvernement européen? [Histoire d’un finir une bonne fois avec les guerres de cheptel qui durent depuis des siècles, repoussant les limites de notre propre pays en en accueillant d’autres en son sein. On se sentirait tous si ce n’est plus proches peut-être moins différents! Et certainement beaucoup plus humains. La Gaulle est un enclave du passé, un fortin qu’il faut prendre d’assaut non pas par la violence mais en ouvrant les portes du pont levis sur le monde extérieur.]

-Bien que l’idée européenne me semble une belle idée, je suis avant tout défenseur de l’identité nationale. L’Europe est une vieille Dame qui fera son chemin mais ne la pressons pas.

-Et que penses-tu du "NON" au référendum sur la constitution européenne, c’est un exemple des plus parlant selon moi que la France traîne les pieds et aime à se faire désirer. [C’est très français, tout le monde dit oui et nous on dit non au oui! Au fait, vous l’aviez lu vous la constitution?] -Je crois que les français n’ont pas compris le contenu du message et c’est dommage. Ils se sont sentis menacés et se sont retranchés derrière ce "NON" pour protester et selon eux préserver les valeurs de la France.

-C’est un peut comme si ils avaient votés blanc en quelque sorte, sauf que cette fois, l’écho de leur voix à retenti dans toute l’Europe! Si je te suis bien, toi tu ne dis jamais non à rien même si tu ne dis pas forcément oui. Ce doit être cela que l’on appelle la diplomatie! [Rires et sourire de sa part.] 

Je me suis réveillé en sueur dans le train, plein de courbatures, j’avais rêvé! Ni moqua, ni Carla, ni Nicolas, juste une bouteille d’eau tiède et la solitude de la nuit dans ce wagon surchauffé que je partage avec d’autres âmes en peine et sans destination apparente. Mêmes si dans quelques heures, nous serons à Paris, le voyage ne sera pas fini pour autant!

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