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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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24 août 2009

Fiesta!

SDC13375Pendant que Sylvain Tesson cuit sur son vélo quelque part entre la mer Caspienne et la Méditerranée, moi je me dore à petit feu sur le balcon à l’heure ou le soleil atteint son zénith dévorant son livre avec boulimie sans dépenser la moindre calorie.

Quatre étages plus bas, une coulée de lave tente de s’échapper de la marmite bouillonnante et dévale la dernière portion de Torrent de l’Olla à mis chemin entre fusion et confusion. Ici tout n’est qu’énergie! Le brut de caspien coule t’il peut-être dans les moteurs de ces véhiculent qui défilent sous mes fenêtres? Autobus, deux roues, bagnoles petites et grandes, camions de livraison ravitaillant les bars vidés la veille, fourgons des mossos d’esquadra déchargeant leurs contingents, et camionnettes de l’équipement faisant le ménage une fois le ballet terminé. Tous se nourrissent d’hydrocarbures et les nuages de gaz d’échappement s’élèvent entre les blocs d’immeubles jusqu’aux cieux! Sur les trottoirs, les petits vieux du quartier, canne en main pour certains, avancent à deux à l’heure comme le jus poisseux que poursuit sylvain Tesson dans sa course folle à travers le continent! Les grabataires incontinents n’iront eux que du marché à la casa et vis et versa. Quelques belles plantes font le pendant avec les cactus miteux et à moitié crevés qui sèchent sur mon balcon. Elles passent, légères comme leurs robes dont j’apprécie l’échancrure de mes hauteurs à sa juste valeur! Gracia est un village, on y croise outre le trop plein de touristes déversé toujours à peu près les mêmes gens. Les visiteurs bruyants repartant eux au jour suivant chassés par la nouvelle marée montant du centre. Parmi les fleurs de Gracia, j’en reconnais une pour l’avoir en son temps butiné. Elle oscille, bras ballants en descendant la rue. Un peu plus tard, c’est au tour de l’ex d’un ami de me tomber dessus, et moi interdit et surpris que la belle m’ait reconnu alors que nous ne nous étions vu qu’une seule fois à Paris il y a des mois de cela.

Le soir, à l’heure où les lampions et les amplis s’allument, les autos sont au garage et les pauvres coches oubliés par des propriétaires insouciants finiront la nuit à la fourrière. Des milliers de badauds attirés par les lumières et les décibels se précipitent dans la liesse et l’ivresse collective. Des hectolitres de cerveza seront descendus dans la nuit pour luter contre la chaleur écrasante. La principale différence climatologique entre Madrid et Barcelone, c’est qu’ici les températures ne retombent pas quand le soleil s’éclipse. Transpirants et poisseux, les noctambules ont du mérite et méritent bien une petite bière bien fraîche, et même deux, servies directement de la pompe d’une échoppe éphémère! Du coup, entre fournaise et brouhaha, impossible de dormir, alors autant sortir! C’est là l’ultime et unique alternative, se mêler ne serait-ce qu’un moment au tumulte général pour ne plus le subir. Descendre au cœur de l’enfer pour remonter après quelques enjambées et quelques lampées, épuisé jusqu’à la moelle et s’écrouler sur sa paillasse! A trois heures du matin, une sirène hurlante témoigne de la présence policière là juste en bas, je pourrai donc me rendormir tranquille! Faire régner l’ordre à tout prix, pas le silence semble bien être leur devise!

Le lendemain, hautain, je dévisage les poulets en faction près du métro. Uniformes bleu foncé impeccables et bérets visés sur leurs cranes chauves ce sont les C.R.S. locaux. L’un d’eux fier comme un coq se détache du groupe pour aller jouer les guides auprès de touristes américaines. Le type à beau être bilingue, il ne comprend pas un mot d’anglais. Les texanes quand à elles n’entravent rien à ses propos et n’auraient su quand bien même il l’eu fallut distinguer le catalan du castillan! C’est alors que frappé sans doute par l’éclair du « génie » , le poulaga à gros bras comme pour assoir une bonne fois l’autorité qu’au reste personne ne lui conteste lance à l’adresse des jeunes femmes qui ne lui demandaient rien d’autre que leur chemin S.W.A.T.! [Ainsi soit-il!] Ah, s’exclament les donzelles éberluées. Le bourrin est content. Un de plus qui aura choisit l’uniforme par conviction et non pour la solde, même si ce n’était pas payé il endosserait volontiers sa panoplie pour que personne ne chie sur la patrie! La tête pleine d’eau et le manche des commandes qui l’actionnent planté entre les jambes, là ou le tissus de l’habit fait corps avec le sien!

Je passe mon chemin… Gracia a perdu de sa grâce. Le gros bourg à la crasse élégante à fait peau neuve et si ça pu toujours autant la pisse, les édifices ont été toilettés et les petites maisons et immeubles vétustes rasés au profit d’autres tirés au cordeau. Seules les dimensions ont été conservées. Les commerces traditionnels ont fermé leurs portes, remplacés par des boutiques fashion aux noms imprononçables fleurissant ça et là aux détours des places et des rues piétonnes au goudron encore chaud. « Gracia peut vivre sans Barcelone mais Barcelone ne pourrait vivre sans Gracia! » La réalité semble bien différente. Sans les hordes teutoniques, britanniques et celtiques, sans les français qui pullulent par milliers et rêvent après eux siècles de reprendre les armes pour un nouveau 2 mai, sans les européens revenus du nouveau continent, et sans les espagnoles venus du fin fond de leurs provinces, ni le quartier ni la fiesta ne survivraient longtemps! Le baril d’Estrella vaut ici plus que le baril de brent. Alors que le second se situe aux alentours des 50 euros les 150 litres [en fait 158,9873 litres, conversion des 42 gallons américains qui sont la mesure effective du baril], là bière elle au sortir de la pompe à 1 euro vingt la caña de 20 centilitres se négocierait donc à 300 euros pour un baril de seulement 50 litres! C’est dix huit fois plus! Quand un consommateur avisé achète son litre de bière au supermarché pour un peu plus d’un euro ou en faisant son plein à la station service du coin, il constate que le prix de l’essence rejoint alors celui de la bière et même parfois le dépasse. L’or jaune contre l’or noir! A la différence que celui là n’est pas charrié par un oléoduc mais brassé sur place dans l’alambique géant de prospère société Damm.

Le catalan que l’on voulait un temps me faire parlé à perdu du terrain. Les chinois, pakistanais, africains, japonais, argentins, chiliens, dominicains, péruviens, équatoriens, américains, plus tous les communautaires qui sont ici chez eux doivent y être pour quelque chose! Les derniers vrais catalans ont plus de soixante-dix ans, quand à la nouvelle génération de catalanohablantes, elle devra mettre de l’eau dans con cava au risque de se retrouvée isolée par fierté! Sans les millions d’euros injectés par Bruxelles dans l’économie péninsulaire durant des années, pas de rêve catalan ni d’unité espagnole. Il ferait alors bon vivre à Gracia, chacun méprisant l’autre indifférent en attendant l’heure du déclin!

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C
Ouvrage cité: Sylvain Tesson, Éloge de l’énergie vagabonde, Édition des Équateurs, 2007.
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