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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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17 septembre 2009

Cynique

kunos« Cynique: Qui exprime ouvertement et sans ménagement des sentiments des opinions qui choquent le sentiment moral ou les idées reçues, souvent avec une intention de provocation. »

Ce que ne dit pas le dictionnaire, du moins celui-là, c’est que « cynique » provient du grec kunos qui veut dire chien et que Diogène comme son maître Antisthène se qualifiaient de la sorte pour échapper à la pensée collective de la cohorte. J’étais donc moi aussi à ma façon un de ces chiens. Canidé aux dents acérées, chien perdu sans collier, je levais fréquemment la pate sur une société monothéiste hiérarchisée qui m’ennuyait autant qu’elle s’ennuyait avec ses préjugés, ses conventions, sa prétendue moralité et les avatars que cela engendrait. Et aujourd’hui c’est du côté de la Gran Vía que j’avais décidé d’aller accomplir mon forfait. Après avoir franchit non sans mal les lignes ennemies de bulldozers qui campent devant la Real Casa de Correos, refermant derrière moi la Puerta del Sol je remontais le couloir commercial de Preciados en direction du second front qui m’attendait un peu plus haut et qui lui assiégeait Callao. Éventrant le sol, défonçant la place pour faire entrer dans son ventre de nouveaux boyaux en plastique plus moderne que ceux que l’on extirpe et qui fourniront au quartier, courant électrique, lignes téléphoniques et fibres optiques nécessaires à la nouvelle vision des autorités municipales. Opprimé au profit des machines et de la technologie, le piéton est comprimé comme enfermé dans un corral entre les barrières des travaux qui lui indiquent la marche à suivre vers la sortie. Il se sent et moi avec impuissant, minuscule soldat au milieu des tranchées béantes qui ne feront qu’une bouchée de nous si par malheurs nous trébuchons! Je vois enfin la terre promise. La Gran Vía est là devant moi qui déroule son ruban asphalté sur un bon kilomètre. Le tapis argenté luit sous le soleil de fin d’été, sur lui le vas et vient frénétique des roues et semelles de caoutchouc se mêle au brouhaha des engins de démolition. En ligne de mire la Tour de Madrid, impassible dans son carcan de béton armé, sert de point de repère aux touristes égarés et de phare aux vaisseaux invisibles qui flottent au firmament. A dix heures le trafic est si dense sur les trottoirs et la chaussée que l’on croit qu’il ne va jamais s’arrêter. A onze heures pourtant, une ondée passagère contredit cette idée et renvoie les trainards à leurs pénates et les autos au parking souterrain le plus proche. La voix est lessivée, passée au Kärcher de ce grain de septembre. L’eau du nettoyage improvisé aura rafraichit les esprits. Après six mois d’un été sans nuage, l’automne en avance sur le calendrier reprend ses droits. Je cours me réfugier dans mon repère habituel. Là, je délaisse un instant ma condition de quadrupède, le bol et les croquettes pour commander une grande tasse de café et un muffin. De derrière la vitre je jubile, savourant le triste spectacle des estivants soudain privés d’été qui se débattent face au vent et à l’adversité du temps. Les rares voitures qui circulent encore fendent la voix détrempée projetant aux pieds de ces ballots l’eau qui ne leur tombe pas sur la tête. Ma joie s’annonce néanmoins éphémère car au même moment j’aperçois sur la porte un écriteau qui dit prohibido perros. J’espère que sous mes beaux habits on ne m’aura pas reconnu, sinon j’aurai droit moi aussi sans trainer au sort des badauds dont je rie. Bouté dehors de la brosse d’un balai, j’essuierai la pluie à leurs côtés. La serveuse me regarde, c’est mauvais signe. Je croix bien qu’elle m’a démasqué. Elle me sourit, cette fois c’est cuit! En fait elle veut juste savoir si j’aime les caresses et si l’on peut m’apprivoiser? Merci, mais je déteste la captivité! Je lui montre les dents à mon tour, non pas pour lui sourire mais pour la faire fuir ou en tout cas l’avertir que si elle s’approche et pose la main sur moi, je n’aurai d’autre choix que de lui mordre les doigts. Sans doute peu encline aux morsures, elle reste à bonne distance. Je reprends mon observation de la rue. Le beau temps est revenu comme il était partit et avec lui le défilés de belles demoiselles cintrées dans leurs toilettes coquettes reprend. Je déplore néanmoins de ma position que leur condition humaine n’empêche ces donzelles de déambuler nues dans les rues et me contente d’imaginer faute de mieux ce que la pudeur et les convenances cachent à mes yeux. C’est la verge en alerte que je ressors du café! Celui que j’ai bu est en train d’agir, en plus de l’excitation une envie de pisser galopante s’empare de moi et grossit à chaque pas que je fais. Au premier réverbère je marque une pause pipi. Un chaland qui passe à la ronde m’incendie « Monsieur! (me dit l’importun) quelle honte! Il y a des endroits pour faire ça! » WOUAH, WOUAH!

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