Heureux ?
Qu’il est dur d’être heureux passée la quarantaine. « Dur » non, impossible ! Outre les mécontents de la vie qui se nient leur existence durant sous quelques grossiers prétextes à toute forme d’épanchement ou de tendresse envers eux mêmes aussi bien qu’à l’égard d’autrui, on peut diviser le reste ce ceux qui involontairement passèrent à côté du bonheur en trois catégories… Il y a premièrement les malheureux « par apprentissage » (dont je fais parti) à qui l’on rabâcha dès le plus jeune âge que la félicité n’existait pas. Qu’être heureux était affaire de gueux (parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire que de s’extasier au moindre plaisir) ou pire, de sots… « Mais regardes moi un peu ces cons là avec leur air béat ! » En dehors des opprimés auxquels on refusa tout net de s’épanouir au contact des autres, on compte également des malheureux « par inadvertance ». Ceux-là frôlèrent le bien-être sans même le voir trop occupés à des tâches où le pragmatisme extrême ne laisse « malheureusement » pas de place à l’émoi. Et puis enfin, se réunissant autour de l’abime pour célébrer la déroute d’une vie qui leur échappe, les malheureux « notoires » se taillent les veines devant leur manque de chance. Tous petits ils tombèrent dans la marmite du nihilisme, absorbés par une bouillie rance et nauséeuse exempte de tout (bon) sentiment. Ils en burent sans cesse la tasse, lestés par le lourd fardeau hérité d’une dynastie de pessimistes auxquels ils n’ont par malchance rien à envier. Récalcitrants de naissance à toutes joies petites ou grandes ils se morfondent en silence ou pire, contaminent leurs proches de leur profond mal-être !