Etats et débats

J’en débâtais hier soir avec une amie (j’entends par là une personne du sexe opposé avec laquelle je n’ai pas couché)… La société espagnole manque profondément d’initiative ! Ici la vie suit son cours, indolente en dépit des revers de fortune. On râle un peu, ou pousse sa gueulante réunis autour d’une pancarte antisystème puis on rentre dans le rang pour ne pas perdre son job et les menus privilèges qui en découlent. « Tous unis » sous une bannière ou une autre non pas « face » mais « au cœur » de l’adversité  en espérant un hypothétique bouleversement sociopolitique qui n’arrive jamais ! Les discours électoraux de rufians (désireux de sauver leur peau), l’Europe toute puissance qui tend sa main de fer à son parent méditerranéen (mais brandit l’autre au dessus de sa tête pour lui rappeler que Bruxelles est au commandes), l’exportation vers de nouveaux marchés des « invendus » nationaux (le commerce extérieur comme palliatif à la baisse de la consommation interne en voilà une idée), et puis enfin pour beaucoup, à bout de force, désabusés et délaissés par un pays qui ne tient pas ses promesses, l’exode ! (Unique option devant un avenir incertain.) Ici, toute tentative est vaine, ils le savent bien et moi avec eux. Quinze ans d’Espagne ! C’est mon calvaire, mon fardeau à moi. Un exile dans ce royaume divisé où le citoyen se croit souverain plus qu’il ne l’est ! L’Espagne se veut « républicaine, fédérale et démocratique » pourtant beaucoup tentent d’imposer leur vision rétrograde de ce que devrait être la nation, un modèle d’état rêvé sans consensus ne saurait pourtant faire l’unanimité. Donc, pas de solution imminente. A moins par exemple qu’un émissaire externe ne soit détaché par les Nations-Unies pour venir régler le désordre du pays. N’est ce pas ce que l’on fait régulièrement au proche Orient et dans d’autres régions du monde quand les choses vont mal ? On s’empresse de dépêcher sur place un comité d’experts qui analysera les possibilités « restantes » du dit état moribond. Seulement ici pas de richesses dignes de ce noms à sauver, d’énergies fossiles inexploitées à piller, de mannes inespérées oubliées dans le ventre ou à la surface de cette terre asséchée par la crise. Pour les européens du nord et la majorité des occidentaux, la péninsule ibérique n’est qu’un caillou pelé, aride au sud, festif au nord où il fait bon venir faire trempette l’été et acheter sa résidence secondaire vu les prix du marché immobilier, rien de plus ! Alors pour un peu de soleil, un lopin de terre, trois oranges et quatre artichauts va-t-on vraiment se casser le cul et se creuser la tête pour venir en aide aux espagnols ? Il est préférable de les laisser se débrouiller entres eux jusqu’au jour où l’agonie et le désespoir seront tels qu’il n’y aura plus qu’a venir pour ramasser les miettes et tout rebâtir avec des capitaux étrangers. N’est-ce pas d'ailleurs déjà ce qui se passe dans l’ombre ? Certains acteurs ont commencé le boulot que personne ne voulait faire. Démantelant le vieux cargo de l’intérieur et en toute discrétion. Ils substituent peu à peu le fuselage rouillé et le cœur à l’arrêt pour les remplacer par de nouvelles pièces fabriquées sous d’autres latitudes qui feront bel effet et grand bruit le jour où le navire se remettra en marche. L’O.P.A. sur l’Espagne a débuté en sourdine, à la minute même où nous (les étrangers) avons posé le pied sur son sol. Aucun pays n’échappe à cette règle, devant l’immobilisme ses voisins plus réactifs voyant une opportunité de croissance l’envahissent !