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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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2 mars 2009

Jésus Superstar

SDC11074Ils devaient bien être cinq-cents en ce vendredi saint à faire la queue. Pour quoi? Pour qui? Pour lui Jesús de Medinaceli. En rangs serrés, par petits groupes, deux par deux ou même parfois seuls, ils piétinnent jusqu'à l'accès de la chapelle ils rendront hommage à leur Père. Venus confesser les péchés d’une vie, ou chercher pour les plus mal en point les derniers sacrements! Si l’église ne renouvèle pas ses fidèles, elle n’en n’aura bientôt plus et les capucinos l’ont bien compris. A l’intérieur du Starbucks, ils sont presque aussi nombreux, seule la moyenne d’âge les différencie de la communauté des dévotes. Eux aussi poirotent avant de boire au calice! Leur Saint Graal est fait de papier recyclé estampillé d’une pècheresse à queue de poisson, et son breuvage corsé à plus de succès que le vin de messe un tempranillo à coup sûr! Riche à millions comme sa concurrente, elle multiplie petits pains et donuts avec le même discours commercial! Et je préfère de loin le prèche de la femme poisson au discours éculé du vieux prêtre, d’autant qu’à bien y regarder ses seins valent largement ceux de l’église. Je ne doute pas du reste que quelques défroqués viennent ici tromper la Madone pour ses beaux yeux ou pour ceux de Luna. Si l’enfer est sur terre je veux bien être damné pour un seul de ses regards.

Nous conversons un moment. Rien de trop sérieux, nous faisons des projets à cour termes. Elle me sert mon moqua comme je l’aime et moi plus tard je le boirai en repensant à elle. Pour le reste, nous avions bien le temps. Notre rendez-vous était dorénavant hebdomadaire et cette semaine c’était tombé un vendredi! Le jour du Seigneur et c’est avec sa bénédiction qu’une fois de plus j’étais ici, dans la Mecque du café. Je ne sais pas si Luna était bonne catholique ou si elle aurait la traitresse, détournée à d’autres fins le cierge sacré offert au patron des marins le jour de la Saint-Nicolas au risque de voir le flot des touristes jeter l’ancre ailleurs.

Loin de mes divagations poético-religieuses de comptoir je vais m’assoir à la seule place disponible. Le hasard, la conjonction des astres ou peut-être même un petit coup de pouce de l’au-delà font que je me retrouve face à elle. Nous échangeons quelques sourires à la dérobade. Je l’inviterai bien à me rejoindre, mais la foule incessante lui interdit tout mouvement. Elle se contente heureuse de notre échange muet, enregistrant de sa caisse, commandes des clients, leur argent et les désirs grandissants qu’elle doit lire sur mon visage. Malgré le monde qui nous divise, nous n’avions encore jamais été aussi proches qu’en cet instant. Une nouvelle horde de touristes fait son entrée et Luna disparait pour de bon happée par la foule.

SDC11035Je repense au fidèles de la paroisse de Nuestro Padre Jesús de Medinaceli surpris que la foi seule les meuve dans le froid hivernale de ce 20 février. Le salut de l’âme vaut peut-être bien la peine que l’on attrape un rhume! Moi, en pécheur n’aillant d’autres maux que ceux que je m’invente, j’ai toujours su me garder de ces endroits, menant ma barque d’écueil en abîme sans ne jamais atteindre la terre sainte. Maintenant le cap de marée en déluge, affrontant seul le gros temps sans le secours des évangiles. Je bois la tasse parfois, souvent proche de la noyade, je surnage sans gilet de sauvetage, flottant tant bien que mal au dessus de profondeurs abyssales de cette vie terrestre. Eux ils sont déjà là bas, de l’autre côté, comme Luna que je ne vois pas et peut leurs importent donc d’avoir à affronter la rudesse de l’hiver pour avoir les grâces de la sainte vierge. Moi, la seule vierge que je vis ne l’était plus au lendemain!

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