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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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24 juin 2009

La métaphore du castor

« Quand tu reviendras, les castors seront là. »

Qu’avait-il bien voulu dire? Les castors? Qui étaient-ils? C’était eux bien sûr et moi je n’étais pas des leurs! Pas du clan, du sérail! Pas de la même famille! Beaucoup trop imprévisible, trop versatile, et trop indépendant pour qu’ils m’invitent à leur table ! Et puis leurs sermons je les connais déjà! Plus de trente ans que je les entends! Désolé si je ne suis pas comme vous! Brebis galeuse! Fruit pourrit qui fait honte à la branche ou il pousse et bientôt à l’arbre généalogique tout entier. Enfin, ce qu’il en reste! La branche de l’évolution a du se tordre en route! Non qu’elle se soit vraiment cassée, elle s’est juste recourbée se repliant sur elle-même. Quelque part quand il aurait fallu dire OUI j’avais dis NON et ils ne me l’avaient jamais pardonné! Sentant le vent tourner, j’étais partit avant d’être chasser. Tournant les talons, je m’en étais allé vers d’autres plaines, d’autres contrées que j’espérai fleuries. D’autres pays… Les castors eux étaient restés au bercail, bâtissant avec le bois vert de leurs jeunes années les fondations de ce qu’ils ne pourraient bientôt plus défaire. Se maudissant d’avoir construit eux même leur prison dorée quand il serait trop tard! Ils maugréaient en silence songeant qu’une foi l’hiver venu ils pourraient toujours passer par les flammes le tronc nu et bientôt dépouillé de ses dernières branches, de cette famille qu’ils haïssaient! Pour oublier le fossé qui nous sépare et les entoure, ils fixaient un point sur l’horizon et s’y rendaient à pas hésitant, se gardant bien de regarder sur les côtés. On ne sait jamais, un peu de cette humanité qui leur manquait pourrait soudain se réveiller! Quand la vie en générale suit l’avis général, qu’elle est tracée à l’avance, balisée par un autre, limitée par ses propres frayeurs on fait tout pour ne pas s’en écarter. Tandis que je commence ma descente aux enfers, en pente douce, les castors à bras raccourcis édifient sur Terre leur petit paradis. Se construisant cette vie sur mesure qu’ils gèrent et croient indispensable à leur bonheur, engloutissant en elle leurs économies et celles de leurs enfants. Amassant et amassant toujours plus pour créer cette sensation illusoire de sécurité qui les rassure. Le logement terminé, le travail garantit, ils se mettent alors à procréer, avec le même acharnement. Pour peupler leur tanière et pouvoir inculquer plus tard les mêmes valeurs débiles qui engendrèrent leurs tares à leurs rejetons, ils redoublent d’énergie. Moi qui n’ai jamais eu en moi que l’énergie du désespoir, je connu bien quelques femelles sournoises et vicieuses par ci par là, mais chaque fois nôtre union s’est soldée par un échec. Je n’étais sans doute pas prêt à me livrer corps et âme! Les fruits de ses étreintes passagères devaient pourrir quelque part à leur tour dans cette nature hostile. Petits bâtards dont je ne serai pas fier si je les connaissais. Il est bien difficile de mettre un nom à cette engeance fortuite, qui par chance ne portera jamais pas le mien! Poursuivant mon chemin sans but précis je n’ai pas le temps de m’attacher pas à ce genre de considérations. Que ma progéniture survive seule aux blessures qu’elle m’a fait! Lâchant du leste, j’avale plus vite les kilomètres plus vite et me précipitent dans le vide de l’existence le pied et le bagage léger. Délaissant compagnes chagrines et enfances orphelines je bas la campagne comme bon me semble jusqu’à la prochaine halte! Les castors indifférents à mes maux prospèrent pépères tandis que je cours à ma propre perte! Si seulement je voulais bien les écouter, me reposer un peu chez eux, boire de leur soupe, je pourrai toujours rattraper mon destin après si tel était mon souhait. Mais non! Rien à faire! Trop borné, obstiné, je me ravitaille vite fait et repars dardar ! Qu’ils se débusquent un autre gibier à qui confier leurs plaintes. Je me méfie comme de la peste de ces invitations soit disant désintéressées qu’ils me feront tôt au tard payer. Reprenant de l’élan, je saute pour aller rebondir un peu plus loin. Les castors atterrés de mon refus et de la mauvaise volonté que je déploie à leur égard finiraient par détourner la tête sur mon passage et me rejeter complètement s’ils ne se distrayaient de mes frasques. La liberté à un prix trop élevé qu’ils ne sont pas près à payer, mais quand elle passe tout prêt, qu’il n’y a qu’à se baisser pour humer son parfum, ils remercient le seigneur de ce don du ciel et regagnent leurs chaumières enrichis d’avoir pu du bout des lèvres goûter au fruit défendu. Aux alentours de la quarantaine sa descendance assurée et la routine qui la suit ayant dynamité son couple, le castor regarde vers d’autres maisons. Là-bas d’autres nandis comme lui, le regard éteint attendent couards la petite flamme qui pourrait réchauffer leurs cœurs desséchés. Bravant les interdits d’engendre sa condition d’époux modèle, le castor mire alors dans le lit d’autrui pour voir si une belle s’y prélasse. Son mari ne la voyant plus depuis des lustres pour les raisons évoquées à l’approche de ce nouveau mâle, elle fait le dos rond, et se dandine docile, fière que l’on en veuille encore à sa personne. Les ébats adultérins ne se font pas attendre surtout que dans la niche voisine le maître des lieux en fait autant, honorant comme il se doit séance tenante celle qu’il ne fit que toucher du regard des jours durant. Dans la chaleur de l’alcôve, tous et toutes sont contents en apparences du moins de leur sort. Méprisant leur conjoint, bénissant ce voisin, les astres et la patronne des putains pour certaines tandis que leurs maris enhardis branlent du chef dès le lundi suivant, retrouvant affaires courantes et petits tracas du quotidien jusqu’à la prochaine permission de ces dames. Moi ma catin m’attendait au coin d’un bois et l’affaire se conclut sur le champ, sans faste ni laurier, dans le foin et contre un morceau de pain car j’avais faim! Je repris ma marche forcée au sortir du nid de poule, conscient d’être passé une foi de plus tout près de la catastrophe! Une de plus qui voulait celer nôtre alliance par un anneau! Elle m’aurait bagué comme un pigeon si je ne m’étais pas méfié! Qu’elle jette son dévolu sur un autre oiseau si ça lui chante! A jouer avec le feu je finirai par me brûler les ailles et même le reste avec! Le castor du haut de son talus, regarde filer les jours, un de plus un de moins, combien en restent-ils encore avant la fin? Il m’arrivait parfois d’en croiser un au fond de la vallée, laissant la théorie de l’évolution de côté, nous faisions comme si de rien n’était! Jouions à être amis, ce n’était après tout pas bien compliqué. Cependant le jugement de chacun était fait, ne resterait qu’à le rendre par la suite! Le castor est un opiniâtre, un donneur de leçons, il a un avis sur tout, et en toutes circonstances, surtout pour critiquer car c’est là son point fort. Vous faisant profiter de son maigre savoir, il vous assène ses vérités une à une. La chasse aux sorcières terminée il n’a point peur de se voir rôtir sur le bûcher des vanités! Même si le discours éculé qu’il vous inflige est d’un autre et sent à plein nez le réchauffé, il vous le sert à la louche comme s’il fut sien, inventé dans un moment de lucidité. C’est que n’aillant peu ou prou vécut, il lui serait bien difficile d’en faire un! Sa compagnie me lasse et me fatigue, je m’éloigne et le laisse prêcher dans le désert pensant trouver à la fraîcheur d’une oasis un peu de cette volupté égarée qui me manque. On dit que l’eau qui y repose est claire et douce aux lèvres. Seul, débarrassé des oripeaux du passé, je franchis les derniers mètres et je me jette tête la première dans la marre! Aïe! Il y avait une pierre juste là! Rassemblant le peu d’esprit qui me reste je m’agenouille et retombe face au vent, le corps à demi immergé. Bercé par les embruns qui me lèchent la figure, emporté par le chant de sirènes je sombre dans l’oubli et plonge dans un profond sommeil. Je me prends à rêver et mon réveil n’en sera que plus dur, quand caressé du bout de la nageoire par une ondine j’ouvre les yeux et aperçois un brochet qui en veut à ma virilité. Il aurait pu choisir un autre appât! Mon goupillon un hameçon, dans quel monde vit-on!                

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