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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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17 janvier 2011

Un an, un jour.

Dernière note à Madrid, dernier moqua et puis demain je prendrai le train pour Paris. Jeudi, je préparerai le week-end, (deux jours de foire dans une des cours intérieures du village St-Paul) et vendredi reprendrai enfin l’entrainement. (Mes premiers tours de Luxembourg de l’année. Non pas à la recherche du meilleur chrono mais pour éliminer les milliers de calories ingurgitées en décembre au Starbucks et lors de diners gastronomiques à répétition). Samedi et dimanche petit travail tranquille donc qui me conduira gentiment vers le lundi. Ce jour là, rangement ! Le mardi, déménagement, et pour la journée des enfants, il se peut que je décide de profiter de la compagnie d’une amie pendant que son mari (trop indulgent ou stupide) garderait les leurs ! Le jeudi, pensant déjà aux jours suivants, un long week-end de trois jours que j’espère plus fructueux que le précédent, débutant un jour avant et qui ne s’achèvera que tard le dimanche soir, je ressortirai mon matériel ! Le lundi, poursuivant décidé mon entrainement du matin (grappillant même quelques secondes qui me donneront l’illusion que je progresse), je consacrerai l’après-midi à d’autres tâches pour boucler la semaine. Mon séjour se terminera par une dernière journée de boulot le dimanche, et un jour de repos à ne rien faire sauf bien sûr aller courir le matin. Quelques derniers tours à vive allure, avant de remettre dans mon sac à moitié défait, le peu d’affaires que j’aurai utilisé et le mardi de bon matin ou à une heure avancée de la matinée je foulerai à nouveau d’un pied ferme le sol irrégulier de Madrid. Enrichi de quelques centaines d’euros même si au fond pas grand-chose n’aura changé ! Si l’on peut aisément résumer deux semaines en dix lignes ou deux minutes, il va sans dire que le vide des journées aura primé sur le reste de l’activité ! Vous comprenez à présent pourquoi je rechigne à exercer plus souvent ce genre d’emplois subalternes, purement alimentaires et qui ne nourrissent que le corps. Besognes sans joie ni lauriers du commun des mortels auxquels je ne parviens à me résignerai ! Le temps s’échappe, me file entre les doigts. Plus qu’une minute déjà et pas même la consolation d’une anecdote à rapporter !

Cette année j’ai décidé d’écrire des textes plus longs et plus profonds, de reprendre mes notes oubliées, délaissées dans un coin de ma mémoire ou au fond d’un tiroir et surtout de voyager ! Finie l’aventure intérieure cloitré entre les quatre murs d’un café, de mon appart apparemment douillé, d’une chambre d’hôtel ou d’hôpital. J’ai besoin de nouveaux horizons, d’affronter de nouveaux défis, de plus de place et d’espace et de l’isolement salutaire loin des villes polluées propre aux esprits en marche. Tout cela, ni mon nouveau logis, ce duplex avec terrasse que je cherche toujours, ni mes séances de méditation, le yoga ou mes footings à répétition au Retiro ne sauraient me l’offrir. J’irais donc chercher ailleurs cette paix intérieure qu’il m’est impossible de trouver à Madrid. Seul, perdu dans quelque lointaine contrée, vierge et vide de tout homme mais néanmoins pas dépourvue de vie. Quelque part entre l’Andalousie et la Sibérie, il se peut qu’il existe un petit paradis taillé à ma mesure. Pour les nomades, les malades souffrant d’agoraphobie chronique, les possédés accros à l’autosuffisance disposés à repousser leurs limites et celles de l’existence bien au-delà des cités vétustes. Un coin de nature brute où planter sa tente pour s’abriter la nuit du vent rond qui souffle entre les arbustes, lissant la terre alentour et la journée marcher sans autre but que celui de parcourir son être suffirait !

Après avoir tant bassiné Bea pour déménager, il me faudra lui annoncer (et la convaincre) que j’ai besoin d’une retraite salutaire de quelques mois pour recharger mes accus. Désolé pour elle si les peintures n’auront pas même eut le temps de sécher et si, sitôt posés les nouveaux meubles que nous aurons choisit ensemble dans ce décorum de carton pâte que je n’aurai pas même habité une heure, je devrai la laisser  au milieu des cartons, finir de ranger notre vie sur des étagères pour rassasier  dans la steppe mon appétit de loup ! (J’entends déjà la bête qui gronde en moi !) Comment lui faire comprendre que si je ne suis pas las d’elle et que je l’aime même au-delà de tout pronostic, la routine et l’habitude sont pour moi de bien mauvaises compagnes qui engendrent un désir insurmontable d’évasion. Non que je me sente prisonnier de cette vie à deux, confiné au sein d’un couple qui ne me plairait plus. Je ne refuse ni l’engagement ni les contraintes inhérentes à toute relation. Je veux simplement préserver ma liberté et pour ce faire il me faut par moment prendre ce genre de décisions drastiques (et un peu égoïstes) pour ne pas m’endormir, abdiquer et  succomber  dans l’indolence inerte des sédentaires que je méprise. J’aime à croire que je pourrai ainsi partir sac au dos, rictus aux lèvres sans me retourner pour voir si quelqu’un me regarde, n’ayant rien dit à personne de mon projet farfelu. Puis, un beau jour, je reviendrai comme si de rien n’était. Après un an, un mois, un jour, sans que l’on me demande où j’étais ni comment j’employais ce temps dérobé à l’horloge universelle.

Ailleurs, plus loin, au calme, cela ne signifie pas non plus vivre une vie d’ermite ou de croisé. Je pourrai musarder en chemin avant d’atteindre la terre promise. Puis revenir prestement en avion mon pèlerinage accomplit vers cette civilisation que j’aurai délibérément quittée. J’espère que ma pensée se montrera plus docile, plus facile à dompter sur ces chemins de traverse que dans mon ancien domicile où le nouveau (définitif et précaire à la foi). Au bord de la mer de préférence, pour ne pas finir enseveli sous des montagnes de travail il sera indispensable de m’assigner une tâche réaliste et réalisable. Ecrire une nouvelle par exemple, non pas un roman fleuve à la Tolstoï ! Mais, les distractions du monde moderne en moins peut-on seulement écrire plus et mieux ? A terrain neufs,  plaisirs nouveaux et mon esprit vagabond comme ce côté petit prospecteur qui me pousse à arpenter et à marquer mon territoire ne tarderont sans doute pas à vouloir explorer chaque centimètre carré de cette terre inconnue et vide de tout préjugé pour en humer l’air pur et en goûter la quiétude absolue. En bon chien-loup j’urinerai aux quatre coins de mon nouveau domaine pour avertir les intrus potentiels qu’ici je règne en maître absolu ! Mes gènes de marcheurs prenant le pas sur mon esprit torturé et ce petit talent d’écrivaillon que l’on me prête parfois, combien de journées seront perdues, gâchées à ne rien faire, à ruminer en moi ou éructer à haute voix dans la plaine comme un fou des sons incompréhensibles sans pouvoir aligner le moindre mot sur le papier. Sur le sol plat d’une terre ocre et caillouteuse, les flancs rouges de collines meurtries par les vents, dans un désert sans dune ou une forêt sans arbre ni mauvais génie. Du premier grain de sable au mirage lointain d’une pouce d’herbe folle me narguant virevoltante, je rentrerai terrassé de mes expéditions. Harassé et bien trop faible pour être encore capable de coucher sur un carnet à la couverture fatiguée les lignes étiolées et discontinues retraçant les chétifs exploits d’un usurpateur pour qui le néant est un art !

Le temps en suspend retenu dans un gigantesque sablier juste au dessus de ma tête, ne se détiendra cependant pas à l’infini. Fractionné en particules minuscules, invisibles à l’œil humain,  il descendra par le conduit étroit dans le bas du récipient, blanchissant mes cheveux et recouvrant mes chevilles enflées. Chaque jour qui passera, chaque minute chasseront inexorablement ces moments uniques que j’aurai vécu et desquels personne (à part les Dieux s’ils existaient) n’aura été témoin. Il y en aura un peu moins à dépenser une foi rentré ! D’autant qu’il m’aura fallut en garder suffisamment pour reprendre la vie à deux. Continuer d’avancer, formuler de nouveaux projets à moyen et long terme et construire avec Bea cette vie matérielle qui plait tant aux gens normaux. (Les tenant éloignés du fossé boueux ou se débattent les gueux et les mécréants en maugréant, en proférant dans leur barbe hirsute des insultes, maudissant ces gens « de la haute » qui les voient comme des parias!) Avec mon récit sous le bras. Carnet de voyage, cahier de vacances d’écolier modèle rapportant chaque soir avant de s’aliter, le compte rendu de journées bien remplies à ses yeux. Sans omettre le moindre détail, ni les anecdotes truculentes (dusse t-il quelque peu les exagérer) qui tiennent le lecteur en éveil. Raconter les petites histoires qui tournent autour de la principale, en mettant un point d’honneur à recréer chaque situation cocasse ou périlleuse. Et puis son récit achevé, la récré terminée reprendre fidèlement la lutte des classes aux côtés de sa moitié. Tirer toujours vers le haut pour se sortir de la médiocrité. Aspirer à s’élever par l’ascenseur social sans perdre son temps dans l’escalier de service qui ne conduit nulle part. Refuser de se casser le nez sur les marches du Panthéon, de gravir un échelon et redescendre illico vers les bas-fonds parce que l’on aura ouvert la mauvaise porte. Sans paliers de décompression on s’asphyxie rapidement ! Sans issues de secours, ni rampe de propulsion pour gagner les hautes sphères, l’herbe grasse, l’abondance, et le grenier où le meilleur grain, blond et mûr à point attend d’être ramassé à pleine main on passe sa vie à cultivé la misère!

Mais je le sais pour l’avoir expérimenté au cours de mes séjours passés cette année à Lisbonne, Cadiz ou Genève… Il n’est pas évident de s’astreindre à un rythme d’écriture soutenu quand on a pour règle de ne pas consacrer plus de quelques heures par jour à son hobby, sa passion. Muse littéraire qui divertit normalement mais qui sous le coup d’une soudaine solitude, sous d’autres latitudes, pourrait bien se révéler une maitresse détestable. Voulant qu’on la flatte jour et nuit. Pour passer de l’idée à la réalisation, et écrire si non tout le temps plus que je ne l’ait fait jusqu’ici, il me faudra avoir recours à des subterfuges pour tromper l’ennemi, enrailler mes sales manies et écarter de moi ces envies bien naturelles de distraction qui rodent le soir venu au coin du feu ou par beau temps en établissant un plan de travail stricte et en m’y tenant coûte que coûte. Pour savourer ma retraite et profiter pleinement des plaisirs simples de la vie, le labeur de chaque jour consigné sur les pages d’un support classique ou virtuel, il m’est nécessaire d’apprendre à travailler vite et mieux. Lire entre les lignes du brouillon pour déchiffrer le caractère obsolète de certains maux du premier coup d’œil et jeter les mauvaises pensées au panier. Ne pas hésiter à éliminer les répétitions, effacer les idées mal tournées, celles qui rallongent l’intrique par faim des mots et la repoussent inutilement de la fin. Raccourcir les phrases. Tailler dans le vif, élaguer, tronçonner ! Etre clair et succin sans omettre néanmoins de décrire. Et le principal peut-être, s’amuser en le faisant pour que par la suite le lecteur prenne plaisir à nous lire. Le texte archivé, classé en feuillets numérotées sur Word, puis sauvegardé sur le disque D et copié pour plus de sécurité sur une clé U.S.B. un disque externe ou envoyé sur un serveur de confiance pour le cas où l’on viendrait à le perdre ou si l’Alzheimer nous gagnait. Tirant à boulets rouges sur notre cerveau de grand mammifère. Faisant des trous dans notre mémoire. Notre salut réside en ces machines que nous avons crées et programmées et qui nous rappellent chaque seconde combien nous sommes devenus inutiles sans elles ! Pris dans un étau, animal savant et bête à la foi!      

          

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