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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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7 juin 2012

La mort aux trousses

original_hospitalpasswordsJe ne sais pas pourquoi, mais un peu partout les gens meurent autour de moi ! Il y eu tout d’abord mon grand-père. Du haut de mes neuf ans, ce fut le premier corps inerte que je vis raide comme un bout de bois, reposant sur son lit, envahit d’un profond sommeil. Une décennie plus tard, un collègue de mon père, que tous considérions un peu de la famille s’en alla le rejoindre vaincu lui aussi par la maladie. Vint ensuite au crépuscule du second millénaire et commencement du troisième… C'est-à-dire sur un période de douze années comprise entre la fin des années quatre-vingt dix et le début des années deux mille, une longue série de décès spontanés dont je fus témoin malgré moi. En premier lieu celui du grand-père de mon amie, que l’on pouvait considérer sinon juste, du moins raisonnable pour un ancêtre de son acabit ayant mené la grande vie. Quelque mois plus tard survint la perte sans doute la plus douloureuse à mes yeux… Celle de ma sœur cadette. Vingt et un printemps s’éclipsèrent un soir d’hiver dans la solitude misérable d’une chambre de banlieue. Nous l’enterrâmes le jour de noël. Autant dire que le soir, autour du repas, le cœur n’y était pas ! (Un chapon dodu était mort pour rien !) Puis ma grand-mère paternelle s’éteint l’année suivante. Ce fut une belle mort comme on dit, sans souffrance du fait de son âge avancé. (Même si c’est de plus en plus rare, il y a encore des gens qui meurent usés, de vieillesse.) Puis mon oncle, jeune retraité alla rejoindre ses aïeux dans le caveau familial. (Il ne restait dès lors plus que deux places pour trois prétendants, sachant que ma sœur avait chipé celle de l’un d’entre eux !) Un autre ami de notre famille (déjà réduite) que je considérais comme mon père spirituel partit en fumée accompagné de musiques lyriques dans l’enfer de l’été suivant. Quand à mon père biologique qui donnait déjà à cette époque des signes de faiblesse, je ne l’avais côtoyé que de loin en loin au court de mon enfance et réellement connu que tardivement. Puis cette amie dont nous avions enterré ensembles le grand-père bougon, un pied dans la vie un autre dans la tombe depuis l’adolescence et que j’avais eu la bonne augure de quitter à l’apogée de sa névrose, fit un faux pas de trop (dans son paradis artificiel) et partit pour de bon au pays d’où l’on ne revient pas ! La suivit de très près sa grand-mère centenaire, dont (blasé par tant de morts subites) je n’assistais pas aux obsèques. Mon père qui trainait la pate, accumulait les kilos d'excès (gavé comme une oie par sa poule), le souffle court et le verbe vache, fut balloté un an et demi de sa maison à l’hôpital pour tenter de récupérer ses globules blancs qui foutaient le camp ! Il perdit finalement la bataille contre la leucémie. (Un demi-siècle de tabac, laisse des traces indélébiles dans l’organisme que quelques années d’abstinence ne sauraient effacer !) Son départ m’a profondément marqué. Non pour les raisons évidentes inhérentes à la perte d’un géniteur, mais parce que sa mort vint bouleverser ma vie et mes prévisions de bonheur à venir.  Révisées à la baisse suite à cet évènement fâcheu, mon esprit vagabond qui ne parvenait pas à analyser, comprendre et surmonter la nouvelle donne. Il dut faire son deuil en vitesse et je décidais de m’éloigner encore un peu plus de mes proches. (Prendre du recul pour ménager ma propre santé.) Lui absent, je me sentais spolié d’une partie de moi-même. Mes reperds s’étaient effacés et je ne savais plus très bien quel rôle était le mien ! Après tout, qui m’avait demandé mon avis ? Si je lui en avais voulu vivant de son indifférence, je le méprisais encore plus à présent de m’avoir abandonné pour de bon. L’innocence perdue,  j’entrais forcé de plain-pied dans l’âge adulte. Mon ticket pour « un monde meilleur » me narguait déjà au pilori. Ce n’était qu’une question de temps pour qu’il ne se détacha et vienne virevoltant me signifier mon arrêt de mort. La liste des candidats pour l’au-delà se réduisant drastiquement ! Il ne restait désormais qu’une poignée de noms gribouillés en lettres de sang et puis se serait mon tour car la mort est inéluctablement. (Plus tard certes, mais bien trop tôt tout de même !) La vie est une catin qui s’offre et se retire ! Après une trêve, je sens de nouveau l’odeur du souffre. Les ténèbres qui s’ouvrent pour guetter une nouvelle proie. Je  palpe leur manteau brumeux. La mort piétine mes plates-bandes en quête de chair fraîche. Sa serpe bien affutée taillera dans le vif de ce qui reste autour de moi d’êtres sinon chers, du moins importants pour en faire de la viande froide. Bondissant sans prévenir pour trancher la gorge du premier venu, tandis que je tacherai atterré par cette vision d’horreur de ne pas m’étrangler dans mes propres sanglots.

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