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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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16 octobre 2012

En attendant l'huissier

grav1848Pour écrire il faut avoir du temps mais aussi de l’argent, afin d’éviter que les huissiers, fans inconditionnels de la misère (comme de la réussite d’ailleurs) ne débarquent les premiers. Les quittances n’attendant pas malheureusement la rançon du succès pour s’amonceler. Mais si c’est un fonctionnaire assermenté de l’Etat qui vous les remet en mains propres, de surcroit majorées, l’autographe que vous apposerez au bas du procès verbal ne suffira pas à assouvir sa cupidité. Il est plus que probable qu’il ne revienne sous peu (accompagné cette foi-ci d’un serrurier et du commissaire de police) cogner à votre hui. Car en bon maitre chanteur il en demande toujours plus ! Et si vous n’avez rien pour lui ou refuser à ce vautour l’accès (privé) à votre domicile, il enfoncera la porte et saisira vos meubles ! L’Etat proxénète est donc là omniprésent qui rode à tous les étages de la société. Veillant sur son cheptel et guettant la bête faible, esseulée qu’il achèvera sans pitié au premier signe de déclin. Il surveille de prêt ses intérêts, nos lecteurs, ses potentiels clients pour mettre la main sur les premiers émoluments de notre masturbation intellectuelle.

Je ne suis pas ce que l’on peut appeler à proprement parler « un écrivain précoce ». J’ai commencé, par peur mais aussi sans doute par pudeur à écrire sur le tard. Au tout début, je noircissais en cachette les pages d’un cahier que je rangeais soigneusement sitôt mon forfait accompli ! Je ne voulais pas que cela se sache et ni mes proches, ni mes amis n’avaient idée de ce que je tramais à certaines heures de la journée. Et puis il y avait aussi le regard des autres... Du monde extérieur. Les critiques des septiques. Bref, les commentaires pas toujours agréables et dont on se passerait bien de toutes celles et ceux qui évoluent en dehors du cercle de confiance. La crainte d’être jugé par ses pairs ! Aujourd’hui qu’ils sont tous morts, je ne redoute plus rien ni personne ! Reste l’adversité des prémices à laquelle personne, pas même les vrais génies ne réchappent. Pour les autres, les petits chanceux, les pistonnés et les « fils de » qui réussissent sans talent, plaise à leur âme de vivre dans l’usurpation !

L’âge aidant, on apprend à devenir philosophe. La balance du temps inversant les valeurs, au lieu de subir le sermon des vieux cons, on s’érige à son tour (ce qui ne vaut guère mieux) en donneur de leçons. Improvisant souvent, on n’imagine alors et l’on s’invente les fragments d’une vie que l’expérience (bonne ou mauvaise) a volontairement écarté de notre sentier. Quand aux petits vauriens récemment sortis de l’œuf, tombés du nid ou toujours prisonniers du carcan familial avec le lot de préjugés que cela incombe, ils nous écoutent (bluffés) sans moufeter. Gard cependant à ne pas trop abuser de cette nouvelle sagesse qui nous est prêtée. Au risque de supplanter politiciens et religieux dans l’exercice du « parler pour ne rien dire ». (Ils resteront à jamais nos maitres à penser et les idoles des sauts, des dévots, en deux mots comme en trois : leurs dieux vivants!) Un phrasé ronflant, des rimes sonantes, ils s’expriment dans un vocabulaire assez simple choisi pour son ambigüité et qui les aident à masquer le manque de contenu de leur message. Moi qui n’ai aucune révélation à vous faire, mon discours protestataire se résume en un mot : NON !

Fasse aux ignares, aux mécréants, aux méchants garnements et aux tolars otages de la pensée universelle, pas besoin d’en faire trop. Un bon mot lâché ça et là suffira à les envoyer au tapis. Chaos au premier round ! Mais quand par chance l’adversaire se montre plus coriace, il faut savoir trouver la faille dans sa cuirasse. (Qui bien souvent n’est rien de plus qu’un gros habit taillé à la va vite par un autre dans les sous-sols du raisonnement). Observons-le, laissons-le avancer, dire, se pavaner et quand trop confiant il baissera sa garde, portons d’un coup notre estocade ! A ce jeu de dupe, le cynique est un opposant hors pair. N’hésitant pas à blesser pour faire mal, il possède un avantage inné sur qui battra en retraite, préférant la défaite plutôt que d’avoir à franchir les limites de la convenance. « Sans règles imposées, point de convivialité en ce monde et c’est tout le système qui fout le camp » pensent la majorité silencieuse (qui ne se rebelle que pour préserver ses acquis et non pas pour défendre l’intérêt commun). Moi qui ouvre ma gueule pour un oui, pour un non, j’opine le contraire.

Mais revenons à notre huissier. Avec lui, oublions les bons mots comme les trop longs discours. Il n’entend rien aux calambours et sa compréhension du second degré n’est pas du ressort de sa nature autoritaire peu encline aux joutes verbales. Il est là pour faire appliquée la loi un point c’est tout. Et ne se permet d’une fine marge d’interprétation des textes derrière lesquels il s’abrite et dont nous, pauvres imbéciles, ignorons tout. Il en écrase, en impose, nous « mettant en demeure » de nous acquitter séance tenante de la dette contractée. Si nous nous résistons, peu importe la raison évoquée, son manque de discernement, son obstination, le feront procéder (bravache) à la liquidation de nos biens. Et si l’on n’a rien, ce sera la prison ! (La mise en demeure appliquée au pied de la lettre.) Notre délit : « Exercice illégale d’une activité non sédentaire à titre gratuit ! » La peine : « L’exile loin de la France. ».

L’expression écrite étant l’une des rares occupations à ce jour non taxée… Les caisses de la République aux aboies ne perçoivent donc pas un denier de nos cogitations, satyres, pamphlets et autres chroniques mondaines et cela la rend furax! Il va bientôt falloir être détenteur d’une licence, d’un droit de patente pour calomnier et défier le pouvoir, ou simplement s’assoir dans un café et sortir un carnet de note ou un notebook. Attention ! Mais enfin que faites-vous là mon cher Monsieur ? En voici des façons ! Je vous ai vu griffonner sur ce block ! Y a-t-il là quelque chose qui débloque ? Vous venez d’utiliser Word… Ne dites pas le contraire, j’ai clairement vu la fenêtre s’ouvrir puis se refermer sur l’écran de votre ordinateur! D’où ma question : Vous qui utilisez régulièrement un clavier, un stylo, en avez-vous référé aux autorités compétentes?

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