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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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5 mars 2009

Le commerce du coeur

Copie_de_SDC11078La tendance s’était inversée et il semblait bien que durant les quarante-huit prochaines heures Jésus prendrait le pas sur Poséidon. Un demi million de fidèles étaient attendus qui viendraient baiser les pieds du Christ. Pas mal pour une icône morte depuis plus de vingt siècles!

La sirène n’étant pas philanthrope pour profiter de cette manne tombée du ciel avait décidé d’augmenter ses tarifs et resserrer ses rangs. Mon traditionnel moqua valait donc au cours de l’inflation de la nuit quatre euros quarante au lieu des trois euros soixante-dix habituels. Près de vingt pour cent du jour au lendemain, c’était scandaleux et à vous dégoûter du café! C’est à ce demander qui de l’Eglise ou de Starbucks allait réellement se remplir les poche aux vues de cette nuit bénite! Mon moqua retrouverait-il son prix ordinaire une fois passé la vague des chrétiens? J’en doutais, d’autant qu’il y aurait toujours des crétins pour payer plein pot le café qui vaut encore plus cher chez eux! A combien se négociait à présent le gobelet de café à Paris ou à Rome?

En bas de Huertas, tout était prêt pour le grand rendez-vous et les dévotes campaient déjà sur leurs positions. Ils n’étaient encore que quelques dizaines dans la calle de Jesús et devant le bar de la Esquina. Chaise pliable, couverture et une bonne dose de « Medinaceline », c’était la panoplie du pèlerin d’aujourd’hui! Ça devait bien l’amuser, lui, là-haut de voir tout ça! Tous ces nigauds faisant la queue toute la sacro-sainte journée, la nuit aussi et parfois les deux pour embrasser une statue!

Car hors de question bien sûr que tous ces gens se précipitent, comme un seul homme, tête la première et squattent le presbytère en attendant l’heure dite. C’est un part un qu’ils entreraient dans la basilique et pour les encadrer et veiller au bon déroulement de la cérémonie el Ayuntamiento s’apprêtait à mettre en place une série de barrières, rouges, jaunes, bleues. Le chemin ainsi balisé, peu de chance donc qu’aveuglés par la foi ils ne baisassent le cul de la Madone au lieu les pieds du Sauveur!

Sur la porte de l’église, un écriteau annonçait l’ouverture des portes pour dix huit heures et stipulait qu’exceptionnellement les messes en ce jour particulier se donneraient dans la crypte adjacente. Un agent de sécurité gardait les marches contre les impies qui auraient pour idée d’enfreindre ces règles. Le savoir vivre étant la première d’entre elle pour qui prétend un jour entrer au paradis. La grandeur de l’espace ne signifiant pas qu’il suffise de pousser ou mourir dignement pour avoir sa place au soleil! Le cerbère me regarde d’un œil suspect. Non que quelques velléités m’aient pris de profaner le sanctuaire, je suis juste là en curieux, amusé par la mascarade qui se prépare.

Copie_de_SDC11082Je descends la calle de Cervantes pour arriver sur la place. Là engoncé sous l’énorme bâtiment du Westin Palace et sous le regard protecteur de Neptune, « la sirène » sèche des abattis d’une nuit de pluie aux rayons du soleil matinal. Il est presque neuf heures et je repense à cette fille qui grandit deux rues derrière. Encore neuf heures à poiroter!

Je commande mon moqua? Quatre euros quarante!

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