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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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2 avril 2009

Peruvian pie

757955_67536_ZOOM_PRODUCTOBea préparait sa soirée, au menu il y aurait un aji de gallina suivit d’un pye de limon. Elle avait dépenaillé le poulet la veille et il ne lui restait plus qu’à vider les ajis pour en retirer les pépins histoire que ses invités ne finissent pas aux urgences. Après cela elle devait encore les laver à l’eau chaude et au gros sel pour ôter toute trace de toxicité. Moi, à côté, épuisé, j’étais las et présent sans être là. Après avoir gagné une première bataille la nuit précédente, une nouvelle migraine m’avait assaillie au réveil et je gisais sur le canapé demi-inconscient regardant les brèches du plafond, abîmes sans fond qu’il me faudrait colmater quand j’aurais quelque peu récupéré. Pour l’heure je prenais mon mal en patience tandis que Bea plus vive que jamais s’affairait dans la cuisine. Portes et tiroirs s’ouvraient, se repoussaient dans un vas et vient incessant, la vaisselle s’entrechoquait, et chaudière et gazinière ronronnaient bon train. Le claquement de l’eau sur l’inox résonnait par intermittence alors que le liquide emplissait marmites et récipients avant de se précipiter dans l’évier où les ustensiles usagés attendaient impassibles la douche froide! N’ayant pas de commis Bea parlait à haute voix pour elle-même et de loin en loin me posait des questions d’ordre technique auxquelles je répondais d’un râle bref ou d’un chuintement. Quand elle en voulait plus et désirait des mots sensés et non une suite d’onomatopées mourantes, elle faisait une intrusion dans le salon pour venir écouter les conseils du malade. Le plat de résistance réglé, elle pouvait s’attaquer au désert, un pye de limon. Selon elle, il s’agissait d’un désert typiquement péruvien. Qu’on l’appelle lemon pie ou comme elle veut ce n’était ni plus ni moins qu’une tarte au citron meringuée! Nous aussi nous avions la notre, entre parenthèses bien meilleur que la sienne mais n’en dis rien pour ne pas la vexer une nouvelle fois. La crème dans un bol, la meringue dans un autre, tout était fin prêt il ne restait qu’a étaler la pâte dans le moule. Un moule? Quel moule? Ben le moule en téflon qui était en bas de la cuisinière, dans le tiroir prévu pour les plats. Elle revint. Celui-là? Ben oui celui-là! Qu’est-ce qu’il a? Il ne va pas? Il est parfait, avec ses hauts rebords ça fera un gâteau épatant et d’une jolie épaisseur! Tu peux venir! Non, mais j’y allais quand même! Tu vois? Quoi? Ben ça ne va pas! Non comme ça c’est sûr, il faut d’abord étirer la pâte, parce que si elle ne dépasse pas des rebords elle va retombée dans le moule et la crème passera par-dessus! Qu’est ce que je dois faire alors? Il faut l’étaler avant tout! Avec quoi? Nous n’avons pas de rouleau à pâtisserie. Tu aurais du me le dire avant je serais allé chez Dia acheter une pate rectangulaire comme le moule, au rayons des surgelés ils en vendent par paquet de deux et si tu les assembles ça fait pille la largeur du moule. Prends un verre. Non, pas celui là, si il casse tu vas te couper ? Prends un des gros verres Coca-cola. Elle prit un gros verre d’Ikea. Après cinq minute à essayer d’étirer la pâte en vain dans tous les sens, rendue elle en conclu qu’il n’y avait rien à faire, elle n’y arriverait pas! Il fallait plus de pâte ou un moule plus petit. Moi, entre temps j’avais regagné le sofa. Tu ne veux pas aller chez le chinois? Quand? Là? Tout de suite? Ben oui maintenant sinon je n’aurai pas fini à temps. Je fourre dix euros dans ma poche et descends à tâtons les cinq étages en m’agrippant aux murs. Dehors les gens avançaient sans me voir, comme transportés par une force supérieure. J’arrivais au chinois. A l’entrée un carillon électronique souhaitait la bienvenue aux futurs acheteurs. Hello, welcome! Au fond du magasin, des poêles, des plats en tous genres, des casseroles et marmites, bref toute une batterie de cuisine mais point de moule! Mince! J’étais descendu pour rien! Si je remontais les mais vides, je craignais déjà le pire, Bea allait m’assassiner ou dans le meilleur des cas se découragée, se mettre à pleurer! Je jetais par acquis de conscience un coup d’œil au rayon verrerie, où verroteries immondes cohabitaient avec faïences et porcelaine chinoises. Là, miracle,  entre les verres, vases, pots de toutes sortes et horribles bibelots, je découvris un plat en Pyrex! Problème de taille, il avait beau être rond, il était beaucoup trop grand! La pâte même étirée au maximum ne recouvrirait que le fond. Il y en avait un autre de diamètre inférieur mais celui-ci était beaucoup trop petit! Pas question de faire un gâteau pour huit là-dedans! Après quelques secondes d’hésitation, je saisis le moins grand des deux et me dirigeai vers la caisse. Trois euros quatre-vingt, un petit bonheur pas cher pour que Bea soit contente! Chemin en sens inverse. Les mêmes zombies hantent la rue! A moins que ce ne soit moi, cheveux hirsutes, gueule chiffonnée et teint blafard, avec mon moule à tarte à bout de bras, les gens me prennent pour un cinglé qui aura subitement dans sa démence décidé de se mettre à faire des gâteaux. Au bout des plus de cent marches, j’arrive à bout de forces mais tout fier tenant en mains l’objet tant désiré. Ben t’étais pas allé acheter de la pâte? Ben non je croyais que tu voulais un autre moule! Je t’avais dit au chinois! C’est de là que je reviens! Mais non, mais pas celui-là, celui d’à côté! De toutes façons c’était pareil, heureusement qu’elle avait conservé la pâte, sinon il aurait fallu tout recommencer! Et qu’aurait-on fait de plus d’une pâte carrée dans un moule rond? La pâte déposée délicatement dans le fond, remontant en petites vagues sur les bords pour accueillir la crème onctueuse et la meringue mousseuse, la tarte fut enfournée! C’était partit pour quarante cinq minutes de cuisson à petit feu! Quatre heures retentirent, et Béa s’en alla. Je te confie la tarte me dit elle avant de sortir. Tu ne vas pas t’endormir? Trois quarts d’heures passèrent. Je m’étais assoupi! Réveillé par le « touloulou » du chat, c’était Bea! Comment va la tarte? Je me précipitais dans la cuisine. La tarte dorée avait gonflé comme un soufflet! Quelques minutes de plus et cela aurait été l’explosion dans le four! J’avais eu chaud et nous étions passés près de la catastrophe! J’arrête le tout sur le champ, rassure Bea et m’allonge à nouveaux. Vingt et une heure, c’est Bea qui rentre. Je ne sais pas comment je suis passé du salon à la chambre et c’est dans le lit que je m’éveille quand Bea vient me voir. Comment je vais? Ni bien ni mal! Je lui dis que je resterais néanmoins au lit et qu’elle veuille bien m’excuser auprès de ses amis. Elle ferme la porte. Vingt et une heure trente, c’est l’interphone qui sonne et les premiers invités qui montent l’escalier. On se salue. Cedric n’est pas là? Si il est là mais il a la migraine! On parle migraine un moment. Un second groupe arrive. Et Cedric? Il a la migraine! Oui, il a la migraine confirme Bea. Des bribes de conversations me parviennent du salon et puis c’est le silence total. Les convives sont partis. Je me lève pour aller pisser. Bea est épuisée, jouer les maîtresses de maison l’a manifestement fatiguée. Comment ça va? Comme ci comme ça, la migraine est passée mais j’ai toujours mal à la tête. On va se coucher. Pour la première fois de la journée j’ai de la compagnie dans mon sommeil et je replonge pour huit heures. Au petit matin la migraine est définitivement partie et je me lève presque normalement, comme si rien ne s’était passé après avoir dormi presque trente heures sur les trente six écoulées. J’ai faim! Je me rends à la cuisine. Dans le frigo, sur l’étagère du haut le pye de limon m’attend! Les invités n’y ont presque pas touché!

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Commentaires
C
J'etais pourtant sur d'avoir laissé un commentaire il y'a qq jours sur ce texte - ou, notament je constatais que, pour une fois ton recit ce termine par un happy end !<br /> <br /> En tout cas l'illustration de la tarte meringuée et pas mal - on voit tout de suite de quoi tu parles !<br /> <br /> Treve de niaiseries - quand envisageras tu d'écrire quelque chose de plus... "conséquent" (en terme de taille j'entend, comme une petite nouvelle ...)<br /> <br /> Ciao l'amigo !
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