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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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6 mars 2010

Mauvaise donne

Les couloirs du métro, des néons semblables à ceux des hôpitaux déchargent leur lumière aveuglante. Les yeux me piquent. Congestionné, j’essaie de regarder ailleurs mais où ? Rien n’y fait et je finis par me rendre et par éternuer ! Putain de crève qui m’a pris par surprise !

Entre Sevilla et Bilbao, je pense, je rêve, ou je pense que je rêve, je ne sais. Mes idées altérées par cet état grippal qui persiste résistent à se définir avec précision. Leurs contours restent flous comme si une rangée de projecteurs surpuissants venait les éclairer par derrière. Tout se brouille et la réalité devient pénible à distinguer. Des taches, des halots, les lumières du métro puis celles de la surface. Des enseignes phosphorescentes, des feux rouges qui s’embrasent, et les réverbères qui scintillent leurs lucarnes dansant comme des lucioles laissant derrières elles des traces de poudre dorée.

Dis-moi d’où tu viens, je te dirai qui tu es ! D’où je viens, où je vais, peu importe ! Pour l’instant je suis ici, jodido et grippé ! Je n’étais pas sorti de la journée. Bourré de médocs, l’esprit en fuite et le corps en loque comme après une bonne baise ou un match de hockey. Je me suis cuité aux barbituriques et maintenant j’ai la gueule de bois ! Assommé par les drogues, terrassé par la fièvre, je marche à tâtons dans le noir immense de ma propre nuit. Je me cogne, on me bouscule, je perds peu à peu le peu de reperds qu’il me reste. Mon corps ne répond plus et je m’évanoui.

Je reprends conscience. D’où je viens, où je vais, je n’en sais rien !

Je suis né à Paris, je suis donc parisien. Et après ? Après vient tout le reste… J’ai bougé, pris la fuite et mes jambes à mon coup pour migrer vers le sud. Malgré tout, mes origines me poursuivent. Dix ans n’y ont rien chargé ! Toute cette merde du passé rejaillit sans fin comme sortit d’un tube à haute pression et redécore les murs pourtant récemment peints de ma chambre d’aujourd’hui. Pas moyen de s’en soustraire !

Je suis sur un lit d’hôpital, les yeux rivés au plafond. Le temps défile, et quand j’arrive au bout du film, la bobine repart à zéro mais pas moi. Les même images qui m’habitent et me hantent se répètent, se projettent dix fois, cent fois, mille fois mais pourquoi ?

Libéré sans condition de cette prison que l’on appelle l’enfance, après avoir tiré mes vingt ans sans mot dire, je me suis retrouvé un beau jour ou peut-être un mauvais qui s’en souvient au milieu d’un carrefour seul et désemparé. Il avait fallut prendre une direction et j’avais pris la mauvaise. Les évènements qui s’en suivirent ne furent pas sans conséquence.

Cahin-caha, j’allais de boulots merdiques en maîtresses sadiques. A ce rythme j’apprenais vite mais pas assez pourtant ! Je quittais une cellule familiale que je détestais pour en fonder une autre que je n’allais par tarder à haïr!

Je m’apercevrai bien vite que cette nouvelle vie non plus n’était pas pour moi. Nouveau job, nouvel appart, une bagnole, les clés d’un garage pour la garer et cette nana qui me possédait plus qu’elle ne m’appartenait. Devant ce triste constat je décidais non sans mal et après un temps infiniment long (on s’habitue au confort) de tout planter là. Pas même cette grossesse providentielle tardivement annoncée n’aurait su me retenir. Père d’un enfant non désiré que je n’étais pas même certain d’avoir engendré ! Bah ! Il y avait aussi ce chat. Mais bien que je connaisse la provenance du félin que j’avais par ailleurs nourrit au biberon, je n’en décidais pas moins de le laisser avec tout le reste !

Dorénavant je ne m’attacherai à rien ni à personne. Je vivrai seul en égoïste, libre, loin de tout souci.

Je suis parti comme un réfugié, un grand sac en plastique dans chaque main. (De ces cabas à carreaux qu’utilisent les immigrés et aussi parfois les sans logis pour transporter le peu de bien qu’ils possèdent encore.) Malgré leur contenance et leur apparente solidité, allaient-ils pouvoir supporter la charge d’une vie ? Un matin après six ans de calvaire, j’ai pourtant fais mes sacs et je suis allé prendre mon RER pour ne jamais revenir !

J’ai peu à peu laissé de côté les boulots sans avenir, commencé à enfiler des préservatifs et cumulé les maîtresses occasionnelles auxquelles je pouvais consacrer plus du temps. Vers cette même période, je songeais à écrire. Mais rien ne venait. Il était encore sans doute trop tôt ? Il semblait plus facile de ce vider les couilles que le cerveau !

Toutes ces pensées enfermées dans ma caboche et qui refusaient d’en sortir quand je leurs en donnais l’opportunité ? Il m’aurait fallut une seringue et non pas un stylo pour les extirper contre leur volonté. Une petite quantité bien sûr au début. Une dose infinie décimale mais qui m’aurait au combien soulagé. Puis se multipliant sur le papier comme des bactéries, elles auraient grossit jusqu’à le dévorer tout entier.

Malheureusement, pas un mot ne s’écoula de toutes ces brèches mal cicatrisées qui suintaient de douleur mais ne savaient pas l’exprimer. Je dus attendre une année de plus pour vraiment commencer. Ces débuts coïncidèrent avec une rupture. Un chagrin sévère qui m’éloigna un temps des femmes et de leur compagnie volage. Je me gardais à bonne distance, faisant mien cet adage qui dit que si elles sont parfois intéressantes, elles sont souvent intéressées ! Le cœur sec et le porte-monnaie vide je vécu en ascète près de 6 mois, un record !

Les femmes… Trois ont quitté ma vie, la mort en pris trois autres, deux sont parties comme tant d’autres sont venues, j’en ai plaqué une, rejeté une, une m’a jeté ! Et à présent ? Vivrai-je l’amour parfait ? Un amour exempt de sentiment de surcroit ! (Il n’est d’amour vrai que celui qui se retourne contre soi-même !)

En résumé, je suis veuf orphelin officiellement sans enfant bien que sexuellement productif. (Non pas reproductif !)  Dans cette balance, la vie je l’avoue ne pèse pas bien lourd !

J’étais baisé avant même d’être né. C’était dans mes gènes, enfin ceux de mes procréateurs. Alors pourquoi lutter ? Se battre pour survivre quand il serait si facile de capituler ? Parce que cela aussi doit être dans mon sang. Et puis mes parents leur vie durant ont courbé l’échine par faiblesse, refusant d’êtres heureux, d’êtres eux-mêmes. Alors ne leurs dois-je pas cette petite revanche histoire qu’ils n’aient pas vécut en vain ?

Sortit du bout de la verge d’un géniteur poussif comme sous l’effet d’un laxatif, enfermé neuf mois dans la matrice qui reçut cette semence gluante, j’avais trouvé ma place parmi les viscères, le corps plongé dans un liquide infecte qui ferait gerber jusqu’au dernier des pochards mais j’avais tenu le coup !

Et puis le grand jour arriva et moi avec et je n’ai pas tardé à remarquer que dehors c’était le même merdier. La nasse était plus grande et le menu plus varié mais la vie n’avait pourtant rien du festin annoncé. Au banquet des accusés, tous avaient leur place attitrée, à la table du Christ sous la bannière ensanglantée. Pour les gueux et les chiens rien à redire,  mais pour qui savait penser, le malheur commençait !

Me voici donc marmot, nu comme un vers, sans attente, sans peur et sans appréhension. Une nouvelle entité est née, un nom lui est donné. (Pour ne pas confondre le nouveau venu avec un autre humain ! On se ressemble tellement !) On le pèse, on le mesure, un numéro de sécu lui est donné. La vie cryptée faite de codes et de clés est initialisée.

Comment faire pour les oublier tous ces chiffres, tours ces numéros, les effacer et repartir à zéro ? Choisir son nom, ses parents, sa famille, son groupe sociale, le pays où l’on nait, la couleur de sa peau, de ses yeux, son sexe, ses aptitudes, ses penchants, ses vices aussi, avoir des rêves non pas pour fuir le quotidien mais pour le surpasser !

C’est ce que l’on nous propose aujourd’hui avec le monde virtuel. « Je peux être qui je veux, et si  je choisissais d’être moi-même ? »

Mais là aussi pour être heureux, il va falloir tricher un peu.

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