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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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12 mars 2010

Cynisme

Pamela n’est plus là! Le Westin Palace et la place ont subit des travaux de réaménagement. Les mois ont passé, plus d’an un que je n’étais revenu. Luna aussi à changé de crèmerie et les élégantes du quartier ont disparues. Le Starbucks ressemble aujourd’hui à l’une de ces cantines tex-mex sans saveur. Ostentation de boiseries, de faux chêne tinté et vieillit, présence forcée du fer forgé et de l’acier. Des sièges grossiers et inconfortables sont disposés ça et là et des chaises de style Henri II regroupées autours d’une grande table de ferme qui n’a jamais dû voir d’autres paysans que ceux en photos, renforçant le cliché rupestre de ce coin de campagne à la ville. Face au Ritz qui c’est peut-être lui aussi converti en Formule 1 en ou hôtel Ibis, je sèche mes larmes sur la mémoire tampon de mon ordinateur. Mes sanglots ne sont pas réels, c’est de la nostalgie déplacée. Pas très authentique elle non plus ! Il ne s’agit que d’un délire passager, une vague sensation qui me parcoure l’épine dorsale en remontant du bassin à la nuque et me hérisse le poil. A moins que ce ne soit le froid de l’extérieur qui ne s’engouffre par l’embrasure de la nouvelle porte mal fermée. Bien que la pluie ait cessée ce n’est pas pour autant l’été!

Il y a un an, alors que je rédigeais mes notes en ce même lieu, je ne savais pas trop quelle direction prendraient mes écrits. Ni que j’écrirai tant !  Pouvait-on seulement ne jamais trop écrire ? Y avait-il une quantité à ne pas dépasser ? Tout abus serait-il punit ? Et dans ce cas, quelles seraient les sanctions ? Le jeu en valait bien la chandelle ! Le risque s’il existait, n’était autre que de se répéter. Et après ? Rabâcher des vérités, relaté une réalité quelle qu’elle soit, n’est-ce pas ce qu’ont fait de tous temps les prédicateurs et les prophètes ? Rassurez vous, je ne me veux ni Zarathustra, ni Jésus Christ et mon message laconique passera comme il est venu. Cependant je puis déjà vous affirmer qu’il n’ait point besoin de boule de cristal ni de lire l’un de mes pamphlets indigestes pour prédire l’avenir! Crise ou pas, les mois qui arrivent ne s’annoncent pas vraiment rose ! La morosité perdure ! Pas de raison cependant de tout dépeindre en noir. La couleur prédominante restera le gris de la monotonie. Du sol au plafond, du ciel au tréfonds, au plus profond du trépas qui nous attend plus loin en contrebas, les nuances s’effacent, disparaissent et nous avec !

Je remercie cette lectrice qui il y a peu m’écrivait : « J’aime à vous lire vous qui ne racontez rien mais le faites tellement bien ! »  C’est une métaphore bien sûr, si je n’avais rien à dire, je n’écrirais pas ! Autre chose serait d’avouer publiquement: Je n’ai rien à vous dire ! Cela sonnerait comme une provocation.

Qu’est-ce que la provocation ? Serait-ce un art, un don pour qui en est dépourvu ? Si le cynique excelle dans cette activité qui il est vrai ne lui goute pas trop, c’est simplement qu’il se plait à décrire en spectateur la réalité telle qu’elle est et non pas telle que les autres, la majorité, la vit de l’intérieur. Plus charpentier qu’ébéniste, s’il peaufine son jugement, son raisonnement, mais rechigne en public à lisser ses propos et n’éructe au final plus qu’il ne cause. « Tu es un saut, je te le dis et si tu réfutes cette affirmation, démontres moi que je me trompe ! » Devant le silence de son interlocuteur resté sans voix, le cynique remporte une victoire facile même si au fond de lui il sait que le combat n’est pas encore gagné!

Cependant méfions nous de qui décoche ses flèches sans prévenir, pensant: « Qu’elles tombent où elles veulent, les victimes qu’elles feront méritent au moins autant pour leur couardise et leur passivité de tomber que si elles avaient brandit les armes en premier ! » Et pour ne pas blesser inutilement des innocents qui n’ont rien demandé ne mettons la main au carquois qu’en cas de stricte nécessité ou utopistes que nous sommes pour tenter de réparer l’injustice immédiate.

De Cupidon à cupide et il n’y qu’un son stupide mais qui fait pourtant toute la différence! De même que si l’ange de l’amour fait naitre la passion dans les cœurs, le cynique provoque lui plus souvent du ressentiment à son égard. Sous ses airs secs il tranche dans le vif et sort la tête du sable pour de la lame affutée de son sabre couper les autres encore enfouies. C’est un exécuteur, à lui la basse besogne qu’il voit comme une haute tâche! « Ami, ne te demande pas quand tu entendras sa petite rhétorique cinglante si elle t’est adressée, ses paroles c’est pour toi qu’il les a composé! »

Le cynique fait également office de légataire universel. Pas besoin de notaire pour résoudre ses affaires courantes ni de balance pour faire les comptes. Pas de commissaire priseur non plus pour évalué les biens laissés par l’humanité au cours des deux derniers millénaires. Tout constat serait en effet accablant! Les priorités de quelques uns ont généralement prévalues sur l’intérêt collectif. Des généraux, quelques uns et des pions par millions que l’on déplace, que l’on affame à coup de conflits militaires, de guerres civiles, de promesses électorales et d’espoirs jamais satisfaits. Et bien que le cynique dans ce triste panorama se soit souvent fait l’ami des « grands » et des puissants c’était toujours pour mieux défendre les intérêts des faibles dont il ne cessa de faire parti.

La partie semble difficile et si Alexandre écoutait volontiers les conseils de Diogène quand il aurait selon la nature qu’on lui connait dû le rouer, qu’en serait-il aujourd’hui de ce vanupied, ce chien, faisait rouler son tonneau devant le siège de l’ONU ou plantait son amphore dans les jardins de l’Elysée? Quel impact aurait sa vision, son écœurement du monde et sa gouaille sur les dirigeants d’aujourd’hui ? La réponse : aucun ! Le mortel ne peut rien contre les lois du divin, ses mots lui reviennent au visage et leur écho bourdonne dans sa tête sans trouver de sortie. Les temps changent, les dieux ont périt aussi mais le curée continue. Et nous bien à l’abri dans nos cités, pareil à nos lointains ancêtres regroupés dans leurs forteresses nous fermons les yeux sur la misère extérieure. Trop loin de nos frontières, hors de notre juridiction, nos âmes malheureuses ont déjà peine à préserver le petit bonheur précaire sur lequel nous sommes assis et qui menace de s’écrouler.

Assené des vérités que tout le monde connait mais dont tout le monde se fout ! Enfoncé le clou un peu plus profond dans la croix. Focalisés sur la cerise qui orne le dessus du gâteau, peut nous importe de savoir où, comment et par qui il est fait. Nous le mangeons en douce, l’accompagnant d’une coupe de champagne millésimé pour le faire glisser plus vite au fond du gosier, loin des lamentations de ceux qu’y n’ont pas été conviés au festin. Pour lutter contre la famine la banque mondiale et le FMI généreux ont prévu de leur envoyer des sacs de riz. Pas de l’Uncle Ben’s ni du Taureau aillé en sachet individuel et qui ne colle jamais, mais du gros grain rond concassé qui laisse une épaisse croute d’amidon dans le fond de la casserole et dessèche la gorge.

Le cynique met le doigt là où ça fait mal, éclairant de sa petite lanterne ce que le reste de l’humanité regarde défiler sur ses écrans plats. Plus rien n’étonne, ni la richesse indécente, ni la grande précarité qui saigne certaines existences. Rien n’est moral, tout est normal ! Cependant le bourgeois est mauvais public et se fâche si l’on fait éruption trop violement dans sa petite routine. Pour tenter de soigner ses maux, le premier d’entre eux étant l’ignorance, le second l’avarice, il faut d’abord le flatter pour pouvoir par la suite le soumettre à sa cause et le convaincre d’apporter son tribut aux populations dans le besoin. S’il se refuse, il sera toujours temps de le détrousser !

Bien sûr de nos jours, l’intervention du cynique prend d’autres formes. Son aspect aussi a quelque peu évolué. Cheveux plus courts, barbe plus propre, il à domestiqué ses compagnons de jadis. Ses oripeaux sont fabriqués en Chine au Pakistan ou en Turquie mais signés de firmes bien de chez nous. Griffé européen de pied en cape, il parcourt les rues et les bistrots du monde occidental, l’âme en peine et le crayon affuté. Sirotant son moqua sous les sirènes hurlantes comme l’homme de Sinope torchait autrefois sa vinasse devant les marches du Parthénon, dressant le procès verbal de la société qui le rabrouait mais en laquelle il aimerait penser qu’elle pouvait évoluer. Il se trompait ! Le cynique des temps modernes ne se fait plus d’illusion sur ses semblables et leurs mœurs. Les hommes sont lâches et avides de pouvoir par essence! Et tant qu’ils le resteront, rien n’évoluera dans le pire des mondes, ni ne changera dans le notre parfois immonde.

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