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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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16 mars 2010

L'exil et le royaume

La musique est trop forte, le soleil trop brillant ! Difficile de ce concentrer dans de telles conditions. Et puis il y a ce panorama madrilène qui plus qu’il n’invite pas au voyage, donne envie de partir, de prendre du recule et pourquoi pas la fuite! De grands immeubles et des autobus où les gens d’entassent ! Monter dans l’un d’eux et s’en aller ! Peu importe la destination. Un coin de paradis perdu, délaissé par les dieux de l’immobilier, loin des bulldozers et du soit disant progrès qui n’engendre que l’insécurité ! Un petit coin de terroir où il ferait bon vivre loin de toute cette grisaille ! A des kilomètres de la crise qui brime la société et de celle intérieure qui ne tardera pas à me gagner si je ne change pas rapidement d’état ! Aller en Italie, non pas celle de Berlusconi, mais l’autre, l’authentique, le berceau de notre civilisation qui malgré les deux mille ans écoulés aura bien gardée quelques traces de son passé glorieux. Voir toujours le même paysage alentour finit par abrutir. Je vis dans une cité sans charme moi qui rêvais d’espace et d’évasion ! Voir autre chose… Quelque chose de plus beau, de plus grand que le Prado et les tours de Madrid. Contempler les vestiges d’une civilisation qui imprégnât l’histoire et non pas regarder comment l’histoire rattrape un pays qui s’effondrera bientôt sur lui même avant même de s’être tout à fait relevé de ce passé calamiteux. Partir avant qu’il ne soit trop tard, avant le sombre printemps où refleurira le franquisme pas si profondément enterré que cela et que les prochaines élections pourraient bien voir sortir des urnes.

Je ne suis plus vraiment heureux ici et jamais je ne me ferai au visage ingrat de la capitale espagnole, sans doute l’une des plus pauvres d’Europe sur le plan architectural. (Le fait qu’elle n’ait acquit son statut qu’en 1562 y est surement pour quelque chose, les richesses sont dispersées ailleurs.) Pas ou très peu de monuments et un patrimoine qui se cherche et se cache parmi les décombres et les restes archéologiques que les récents travaux d’excavation de la calle Serrano ont y mis à jour avant de les détruire ou de les ensevelir à nouveau pour maintenir le calendrier ! La cité brille par son manque de grandeur ! Des cafés, des restaus par milliers, des espagnols mal éduqués et des touristes par millions qui viennent déchargés sur le pavé récemment remplacé leurs frustrations et commettre en Espagne les excès auxquels ils se refusent chez eux ! Les trottoirs sont pleins de cette grasse humanité, de cette crasse humaine qui se repend comme une trainée de poudre sans les rues du centre à la recherche de ses illusions perdues.

La puerta del Sol a des airs de cours des miracles. Ni la bulle du métro ni les autres aménagements n’y auront rien changé. La misère et le manque de dignité s’étale sur la place sous la mirada de Carlos III et les yeux du public. D’un côté les commerces branchés, de l’autre les gueux, les réprouvés qui survivent au milieu de la foule, quémandant leur obole aux passants généreux. Au milieu de ce folklore, entre vendeurs à la sauvette, saltimbanques maladroits, hommes sandwichs arpentant la dalle et prostituées regroupées par ethnies, par pays non loin du commissariat, on ne sait plus qui voir ni quoi regarder. Pas étonnant que les jeux olympiques leurs soient passés sous le nez, ils n’étaient sans doute pas encore prêts ! (Le seront-ils jamais ?) Si l’Espagne compte dans ses rangs de grands sportifs, et cela aurait dû suffire au la main pour faire pencher la balance en sa faveur, sa candidature mal préparée en dépit d’un budget colossal sortit d’on ne sait trop où, (peut-être des caisses de Caja Madrid, celles de la municipalité étant vides depuis bien longtemps) était vouée à un échec certain! Des infrastructures à construire déjà bancales sur le papier et quand à l’investissement humain, le soit disant soutien du citoyen, il demeura bien en deçà de ce que le maire et les médias ont essayé de nous faire croire !

Hier soir, un œil rivé sur la télé, l’autre sur l’ordinateur, j’écoutais d’une oreille la présentatrice du diario de la noche de TeleMadrid visiblement indignée et qui ne mâchait pas ses mots à l’encontre du régime. L’Espagne sur le point de se voir boutée du consortium européen pour mauvaise gestion ! Qui voudrait en effet qu’un pays incapable de résoudre ses propres difficultés financières intervienne dans la politique économique de ces voisins et jusqu’alors partenaires et amis. L’heure des comptes et du décompte à sonnée ! La journaliste semble résignée et moi avec ! Tant de talents et d’efforts gaspillés, il y a en effet de quoi être écœuré ! L’Espagne vivait prospère sur ses acquis en pensant que les aides de Bruxelles et les millions continueraient d’affluer sans fin mais elle ne s’était pas préparée à une éventuelle récession. Paralysée par le chômage, les conflits politiques internes, pénalisée pour son manque de compétitivité et sa dette extérieure, huée par l’opinion publique lassée, il règne en Espagne un climat d’abandon. Tout le pays traine la patte quand il devrait relever la tête. Le potentiel est là mais rien ne se passe, et les indicateurs sont à la dérive attendant le grand plongeon final!

La débâcle n’est pas loin! Et, préférant noyer leur chagrin dans la cerveza, les espagnols pour se reprendre en mains n’ont plus besoin dorénavant d’un simple petit coup de pouce mais d’un grand coup de pied au cul ! Défendant leurs petits intérêts territoriaux, ils ne voient pas plus loin que l’horizon restreint qui chaque jour diminue. Coincés sur leur péninsule, ils sont fins prêts pour le bain de siège ! Encerclés par les Baléares d’un côté, Ibiza et ses fiestas, le détroit de Gibraltar au sud où l’Union Jack les nargue et flotte en haut de son rocher, Ceuta et Melilla qui voudraient bien qu’on les oublie sur l’autre continent, les Canaries trop loin mais qui ont malgré l’éloignement pris quelques plombs dans l’aile en ces temps difficiles, puis vient le Portugal, inexistant sur le plan mondial et enfin de l’autre côté des Pyrénées ce frère ennemi avec sa république souveraine prête à engloutir la Monarchie d’une bouchée! A force de divisions, de retranchements et de replis sur elle-même, il ne restera bientôt plus rien de la belle terre de Cervantès. Les éoliennes ont substitués les moulins d’autrefois et les pas des mulets sont remplacés depuis longtemps par celui des hommes, Des bourrins, des ânes bâtés qui s’entêtent dans la mauvaise direction !

Démantelée, taillée en pièce, l’Espagne sera bradée au plus offrant, comme un cargo ou un gros porteur hors d’usage. En provinces ou par territoires autonomes, elle sera soldée aux géants de l’Europe. Les challengers ne manquent pas ! A l’Allemagne déjà omniprésente aux Baléares, on adjudiquera Catalunya et la Comunidad Valenciana. Au Portugal, Extremadura. Le centre à la France, la Moncloa ou la Casa de Campo feront d’excellentes résidences d’été pour Carla, Nicolas et les enfants. Les british et les marocains se partageront Andalucia, les anglais occuperont le béton et les arabes reprendront possession de leurs joyaux de jadis, Granada, Sevilla, Cordoba… Les anciennes mosquées, rebaptisées cathédrales accueilleront de nouveaux les appels du muezzin, fermant la porte à la prière des infidèles, à leurs foutus canons et cantiques qui ne résonneront plus que dans leurs têtes ! Les partis politiques achèveront le travail de sape se fondant en un parti unique au nom éloquent « Divergencia y desunión » qui remettra les clés du pays à ses nouveaux gourous ! Juan Carlos demandera asile à la Grèce (elle aussi chassée de l’union européenne), le dernier des bourbons au pouvoir chez nous ayant subit le sort qu’on lui connait par un froid matin de 93. Il vendra sa couronne au Rastro pour une poignée de pesetas afin de payer son passeur et pourra toujours lire Victor Hugo sur le bateau ou bien Camus.

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