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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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28 novembre 2010

Paris gris

SDC16254___Moiti__gaucheSDC16254___Moiti___droiteA Paris, comme promis le temps, les gens, les trottoirs, les façades des immeubles haussmanniens soutenues par leurs larges colonnes, géants de pierre fatigués mi hommes mi dieux, nymphes épouvantées et lions jadis féroces aux crocs lisses et jaunis sont tous à l’identique du même gris délavé. Pour me fondre dans la masse, j’épouse au mieux les formes et les couleurs locales. Col roulé et veste en laine, jean huilé facile à lavé et Puma en cuir glacé pour affronter le pavé froid et humide. Je commence à comprendre pourquoi les gaulois avaient peur que le ciel ne leur tomba sur la tête. Si la lourde chape de nuages en suspend dans l’atmosphère parisienne en venait à céder et s’effondre sur nous tout à coup, je ne donne pas cher des chances de plus de deux millions d’âmes d’éviter la noyade ! Ce serait le déluge ! Un onze septembre cataclysmique ! De la porte dorée à la Grande Arche, partout la grande lessive recouvrirait d’écume les toits et les balcons! Ce ras de marée sans précédent ravinerait le centre en profondeur du Marais à l’Opéra, chassant les petits rats des égouts débordants. Le Chatelet deviendrait le théâtre de la crue et Notre-Dame toute seule sur son îlot n’en mènerait pas bien large face aux lames de fond! (Vercingétorix tombé de cheval et aspiré aussitôt par un tourbillon ne pouvant rien pour elle !) Des millions de mètres-cubes d’eau de pluie se mélangeraient aux eaux troubles de la Seine, engloutissant sur leur passage, piétons et monuments avant d’être stockés en contrebas dans des écluses géantes situées juste là ou le fleuve se divise. Une partie filerait en aval, libre comme l’air, tandis que l’autre emprisonnée dans la Marne, serait embouteillée puis revendue très cher par la suite par de gros messieurs prospères fumant de gros cigares aux rescapés assoiffés. La misère sert toujours la cause des nantis ! Il n’est point de crac, de débâcle ou de crise financière où ne germes d’idées épatantes pour s’enrichir au profit des victimes affaiblies. Les classes calamiteuses tombées au creux de la vague, attendant généralement que quelqu’un, fusse t-il mal intentionné ne leur jette la bouée de sauvetage qui sellera leur destin! Elles forment une lie fangeuse, un substrat limoneux sur lequel s’érigent les fortunes de demain. Au premier signe de faiblesse, des investisseurs peu scrupuleux et pas philanthropes pour un sou, débarquent pour proposer des solutions qui satisferont avant tout leurs intérêts. D’autres suivront qui les imiteront, venant à leur tour enfoncer les talons et planter les fondations de leur usine ou leur future station d’épuration au milieu des ossements! Tant mieux pour eux qui gagnent toujours et tant pis pour les autres qui finiront une fois encore broyés par les mâchoires d’un système injuste mais pérenne! Si les conditions climatiques de la capitale n’ont pas d’incidence sur la bourse… Le CAC 40 affiche aujourd’hui plus de 3800 points et l’ensemble des valeurs sans être à la hausse se maintient, c’est juste qu’il n’est venu à personne l’idée de regarder l’orage qui gronde là-haut! L’état de mes finances est lui aussi pour le moment au beau fixe! Peut-être devrais-je en profiter pour acheter quelques actions ? Des titres bon marché qui monteraient avec les eaux. (Pour l’heure je viens d’investir cent euros dans des lithos. Supplantant les mécènes que je n’ai jamais connus en tant qu’artiste.) Mes récents projets également tombés à l’eau, en attendant que d’autres ne fleurissent avec le printemps, il me faudra vivre durant la morte saison à la fortune du pot. Assis sur un maigre butin, quelques centaines d’euros amassés péniblement au cours de l’année et mis de côté bien au chaud dans un récipient hermétique loin des impôts! Faire fructifier pour le mieux et au plus vite mes économies au risque de les voir s’émousser en moins de temps qu’il ne m’aura fallut pour les réunir. Ma nouvelle combine c’est un cinquante/cinquante un peu boiteux qui durera le temps qu’il pourra avant de se casser la gueule ! Mettons que je mise cinq cent euros qui m’en rapportent mille… J’empoche les dividendes soit la moitié et réinvesti l’autre qui doublera à son tour et ainsi de suite. C’est un système prudent mais qui me garantira un revenu certain (quoique modeste) tout au long de l’année. A condition bien sûr, de savoir quoi acheter, quand, comment et à qui le revendre et que la rotation achat/vente s’effectue avec la vélocité suffisante pour que mes fonds travaillent avant de s’essouffler complètement. Sinon, ce ne sont pas cinq cent euros de plus que je raflerai à chaque mise, mais cinq cent de moins dès la première! Une bonne opération par semaine suffirait à me maintenir à flot. Dans le cas contraire ce sera très vite l’hémorragie et puis la mort ! Mon précieux billet violet jouant les caméléons… Atteint prématurément de la jaunisse, virant très vite au vert puis au marron avant de devenir bleu roi et rouge sang pour finir bien réduit et amputé des quatre-vingt quinze pour cent de sa valeur tout gris comme Paris aujourd’hui!      

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