Opération Défense

Pour inhumer les restes de Jean-Claude Vidal, il aurait suffit de pas grand-chose, d’un brin d’imagination par exemple. Lui qui dormait au fond de ma mémoire depuis un an, aujourd’hui revenu sur le théâtre de ses opérations suspendues faute de temps et de l’inspiration suffisante pour les parachever, je repensais à lui. Face au Hilton en sirotant mon tout premier moqua de la saison servit non pas par une petite sirène au teint bistre mais par un grand gaillard à la gueule cramoisie évadé du bagne je flânais en pensées à l’intérieur du CNIT refait à neuf. L’autre nouveauté cette année, c’est que l’on pouvait surfer et se connecter au monde extérieur via la passerelle du Starbucks pour 4 euros de l’heure. (Qui à dit que le wifi était gratuit?) A ce tarif là je ne me connecterai pas! En raison d’une alerte à la bombe, une partie du centre commercial est restée fermée au public. De part et d’autre d’un cordeau de sécurité une rangée de talkies walkies échange en temps réel des informations plus ou moins précises sur la situation. Au final, le grand BOUM sera évité de justesse. Soyez bien sûrs que si c’était moi qui avais placé les charges tout aurait sauté pour de bon! Avec les fêtes qui approchent, commence aussi le temps des frustrations pour certains. Principalement ceux qui n’ont rien et n’espèrent pas plus du grand soir. Si un sans abri en avait les moyens, je suis sûr qu’il ferait tout péter lui aussi pour reconstruire sur les cendres de cette société injuste qui l’a proscrit une demeure digne avec vue sur la plaine enfin dégagée! Moi qui suis un peu plus fortuné, je constate de la fenêtre de mon chalet l’injustice du monde. A mille euros le mètre carré pour une bicoque en bois plantée comme une épine au cœur de la Défense, nulle doute ne fait que je ne doive pour la payer saigner même les plus pauvres d’entres vous. (Avec ou sans artifice on verra!) En plus des flots de touristes, fonctionnaires, secrétaires, sédentaires du tertiaire, cadres petits et grands sautant dorénavant sans parachute de leurs gratte-ciels dorés sur la dalle froide et humide de la Défense et des grabataires aux artères bouchées venus soigner leurs rhumatismes sur le pavé gris du parvis. Hier comme on dit, je suis passé à côté! Aujourd’hui, il me faudra mettre les bouchées doubles et faire preuve d’altruisme (ou de cannibalisme) pour soustraire aux chalands retissant l’obole qu’ils se résistent à me donner. A votre bon cœur M’sieurs Dames, le mien repose encore chaud dans les toilettes du centre commercial parmi les débris que l’explosion vient d’occasionner!