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Le blog littéraire de Cedric Josse
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  • Ce blog mélange récits, expériences personnelles, analyses et critiques de la société le tout ponctué de commentaires sur l’actualité nationale/internationale. Este blog mezcla relatos, experiencias personales, análisis y critica de la sociedad.
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10 février 2009

A donde se esconde Patricia

SDC10202Ce matin l’hiver à des faux airs de printemps et un soleil outrancier chasse les derniers nuages qui planent encore sur Goya. Patricia n’est plus là! Le Corte Inglés à retrouvé sa grise mine, effaçant le sourire qui depuis début janvier illuminait sa façade. On pourrait à en juger par l’austérité et la laideur de ses lignes croire qu’il s’agit d’un ancien bunker de l’Espagne fasciste. Il n’en est rien, la chaine de grands magasins espagnols vit le jour en 1935 et ses bâtiments hideux sortirent de terre bien après. Ayant crée sa propre filiale de BTP en 1976 on peut raisonnablement se demander qui signa les permis de construire de telles aberrations architecturales? Francisco Franco étant mort lui depuis le 20 novembre 1975 et enterré depuis un an déjà sous les cent cinquante mètres de béton armés d’une autre horreur monumentale. D’un côté comme de l’autre de Goya on se croirait soudain revenu à l’ancien régime. Il ne manque que le profil des employés accomplissant leurs tâches sculptés dans le granit pour que l’on s’imagine devant quelques vestiges de l’ancienne R.D.A. ou de sa grande sœur l’U.R.S.S.! Peu s’en fut que la ressemblance ne soit parfaite mais il eu fallut pour cela donner un bon coup de pied au cul des vendeurs qui n’on résolument pas la cadence de leurs prédécesseurs d’outre Rhin! Le Corte Inglès est le seul magasin à ma connaissance où selon l’heure et selon le rayon il est vrai il y a parfois plus d’employés que de clients! [Bien au chaud, payé à rien foutre !] C’est ainsi que si vous avez le malheur d’y mettre les pieds de bon matin, une escouade de vendeurs pas encore échaudés par les refus en cascade qu’ils essuieront la journée durant, vous tombera irrémédiablement sur le paletot avant que vous ayez tenté de fuir. Mauvais commerciaux reclassés tentant de vous vendre l’article que vous avez en main, sans réelle conviction, n’attendant que l’heure de la fermeture [vingt deux heures ça fait tard], puis celle de la paye et celle encore lointaine de la retraite qu’ils ne verront d’ailleurs peut-être jamais. Sans vous questionner, vous conseiller ni même vous conforter dans votre choix. Touchez, payez, sortez! C’est de la grande distribution pas du commerce de proximité! Ne vous y trompez, pas seul votre argent les intéresse! Vous et vos états d’âme, ils n’en ont que faire! Ne gaspillant pas de calories dans une gestuelle inutile, le vendeur made in Corte Inglès s’approchera de vous à pas de loup, vous susurrant à l’oreille de cette façon odieuse et pleine de déférence commerciale en quoi il peut vous aider. Après avoir à coup sûr sursauté et peut-être même bien laissé échapper le produit que vous aviez entre les mais, vous lui  rétorquerez stoïque « en rien », et il essuiera son premier refus de la journée. Il repartira alors comme il était venu, se cacher derrière sa caisse qui pour l’heure n’enregistre que ses angoisses. Reconnaissable entre tous à son habit, il arbore indéniablement le même costume griffé Emidio Tucci, gris pour les vieux, non pas les plus gradés, juste les plus anciens et bleu foncé pour les nouveaux, encore imberbe et qui sentent bon l’aftershave. Ca sonne italien mais n’en est pas! Economie oblige! Le groupe ne peut quand même pas refiler des costards Giorgio Armani à ses troupes! Pour la chemise, unie pour les seniors, rayée pour les juniors, le panel est plus vaste parmi les marques de la chaine, ayant le choix entre Emidio Tucci [encore lui] le smart, Dusty le gentleman farmer, Easy Wear pour le casual et Linea Joven pour comme son nom l’indique le vieux beau voulant se persuader [et lui seulement] qu’il est encore jeune! Pour la cravate c’est pareil, évitant toute fois un tissage trop serré ou un nombre de deniers trop élevé au cas ou le malheureux voudrait se pendre avec. Seul les chaussures restent à la charge du dévoué employé qui sa vie durant arpentera avec elles le palier se son magasin d’affectation. Il aura donc en fonction de son goût [s’il ce peut qu’il en ait] et de sa bourse [qui grossira au fil des ans sans jamais pour autant se remplir] recours soit pour une trentaine d’euros à une paire de méchants mocassins chez Calzados Diez ou aux Guerilleros, ou pour le double à une paire de souliers à lacets s’il va chez VAS ou chez Iris, ou pour peu qu’il réfléchisse un peu, droit à quelque chose de bien meilleur qualité et amplement plus personnalisé s’il fait seulement la démarche de se rendre jusqu’à la calle de Augusto Figueroa. Doutant néanmoins que ses pas ne le poussent jusque là, Chueca de Goya ça fait loin. Il préférera certainement user de la semelle que pour venir vous emmerdez et vous soustraire de vos pensées. Maintenant qu’ils ont décroché l’immense portrait de Patricia souriant aux passants il n’a plus rien à regarder. Et le regard des vendeurs se perd dans le vide de leurs vies et celui des jardins de l’avenue Felipe II qui étendent les silhouettes de leurs arbres chétifs jusqu’au Palais des sport. Quelques vaches de la Cow parade auxquelles plus personne ne prête attention broutent les racines qui par endroit tentent de percer la dalle. C’était quand même mieux d’avoir Patricia même de dos pour point de mire que cet amas de béton pour horizon.

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